Hier, en lisant les Affiches du Dauphiné, la tristesse d'apprendre le décès de M. Pierre Mayet. Tant de beaux souvenirs. Notre première rencontre date de mes débuts professionnels à la Chambre de Commerce et d'Industrie de Grenoble. Les sujets juridiques confiés étaient nombreux dont les statuts de la SEM du parking Hoche. J'étais tout jeune sorti de l'université où j'avais enseigné le droit en complément de ma Prép. ENA et, après mon service militaire, ce sentiment qu'il fallait ouvrir une nouvelle page. Et l'étape de la Chambre de Commerce a été passionnante. Une diversité de tempéraments qui ont tellement contribué à compléter ma formation théorique. L'intelligence fabuleuse de Pierre de Villard qui ne peut être comprise qu'en cherchant à détecter les coups ultérieurs d'une décision. Le courage de René Michal. L'imagination créative d'Henri Ducret. La connaissance géographique de Christian Gauduel ou de Laurent Boix-Vives … Et le sens de la précision de Pierre Mayet. Il avait l'âme de l'horloger idéal tel qu'on l'imagine : le sens de la précision. Ce sens de la précision, il me l'a montré pendant 30 ans notamment lors de la publication d'ouvrages à l'occasion desquels il m'adressait méthodiquement une lettre détaillée avec ses commentaires et parfois ses griefs motivés sur telle ou telle appréciation. Et sa gentillesse. Grenoble a eu la chance de compter sur trois familles historiques remarquables d'horlogers bijoutiers (par ordre alphabétique) : Gay, Lombard, Mayet. Pendant des années, Xavier Gay a été celui dont j'ai été le plus proche. Il m'a aidé pendant mes premières campagnes électorales. Le jour où il m'a fait part du décès brutal de son frère Pierre reste dans ma mémoire l'un des plus beaux témoignages de la plus belle complicité qui peut exister entre deux frères. La famille Lombard, c'est différent puisque avec Alain nous avons partagé notre scolarité à l'Externat Notre Dame. Chaque fois que je le revois, je "revis" par la mémoire nos … matchs de football. Et M. Mayet qui a incarné pendant des décennies la gentillesse et la passion pour un très beau métier. Il aimait son métier, fier à juste titre d'être dans une lignée de très longue date. Et il aimait sa ville, Grenoble. Notre dernière discussion date de ma demande pour "refaire" la montre de mon père après son décès, cadeau de maman à la sortie de la seconde guerre mondiale. Et j'ai retrouvé à cette occasion son sens de l'explication pour une montre Dreffa. Je le retrouvais comme j'avais pu le connaitre pendant tant d'années. Aussi aimable et surtout aussi passionné. Donnant tous les détails des mécanismes. Une époque pourtant difficile pour lui marquée alors par les graves soucis de santé de son épouse. Toutes mes sincères condoléances à sa famille et tout particulièrement à son fils Marc et à sa fille Geneviève. Une immense reconnaissance pour tant d'années si agréables à chacune de nos rencontres.
Catégorie : Entreprises
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La nature vaut bien une fête
Il faut se méfier des mots qui perdent leur sens premier. Un exemple : neutraliser. A la base, c'est rendre neutre. La Suisse est neutre. Mais neutraliser c'est aussi l'expression "douce" désormais pour … tuer car l'opinion n'aime plus nommer avec précision. Un autre exemple : langue de bois. C'est devenu l'expression de "mots vagues sans signification réelle", l'expression molle or le bois est dur et noble. Un mot utilisé désormais à l'opposé de son véritable sens de base. C'est pareil pour "naturel". Quand on dit "c'est naturel" cela signifie "ordinaire", "normal", "cela va de soi" … Alors que contenant le mot "nature", naturel devrait être une expression de qualité supérieure : authentique, vrai, à protéger. A partir de demain 22 mai, c'est la fête de la nature jusqu'au 26 mai. La nature vaut bien une fête. Cette fête au quotidien a ses "organisateurs" : ceux qui sont capables de bien regarder la nature, de bien faire partager ce regard grâce aux photos, aux vidéos, des entreprises qui agissent dans la durée comme Patagonia, Orvis … et surtout tous les anonymes qui font les gestes respectueux de la nature, dans la discrétion mais dans l'efficacité. La nature vaut bien une fête et le jour où cette fête sera quotidienne, beaucoup de choses changeront pour de bon.
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Environnement : les rapports et le jour d’après …
Les rapports sur le dérèglement climatique comme les rapports sur les espèces en voie d'extinction vont remplir des bibliothèques entières mais les jours d'après il ne se passe rien. On imagine un malade se rendant chez un médecin. Le médecin confirme à l'intéressé qu'il est sérieusement malade. Et l'intéressé repart sans ordonnance, sans traitement, sans médicament. Le jour d'après, rien n'a changé. Tout est comme la veille de la visite chez le médecin. C'est ce qui se passe pour l'environnement. Pourquoi ? Parce qu'il est devenu un enjeu politique accaparé par des professionnels de la politique qui font varier leurs convictions au gré des intérêts de leurs carrières personnelles. Un exemple d'actualité : Hulot quitte le Gouvernement pour cause d'inaction mais Canfin rentre dans la majorité présidentielle parce qu'il est satisfait des … actions du même Gouvernement. Le vrai travail sérieux est ailleurs. Ce sont souvent des entreprises qui le mènent. Comme Patagonia. La lutte pour Jumbo Wild a été remarquable. 25 ans d'oppositions pour sauver un territoire magnifique des visées spéculatives de promoteurs immobiliers.
La bataille contre les barrages de même. Et maintenant, celle pour sauver les poissons sauvages. L'efficacité passera demain par l'adoption de causes par les citoyens et par les entreprises. Eux ont la capacité de faire : adopter un territoire, une rivière, une espèce animale … Et au quotidien, des volontaires qui démultiplient leurs actions. L'avenir de la planète est probablement dans cette mobilisation là. La bataille des convictions et pas celle des intérêts.
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La taxe de trop …
Le 15 juin, le Sénat a adopté une taxe de plus sur les livraisons à domicile. Le même week-end, toutes les personnes qui prenaient de l'essence pouvaient constater que les prix à la pompe s'affolent. Ce week-end du 17 juin, si un automobiliste achetait son essence en France, il payait le litre 1, 79 dollar US. Le prix moyen international à la même date était de 1, 16 dollar US. Aux Etats-Unis, ce même jour, il payait son litre d'essence 0, 84 dollar US. 1, 35 dollar US au Japon. 1, 53 en Espagne. 1, 71 en Allemagne… Pourtant tous ces pays achètent la matière première au même prix sur des marchés internationaux. La différence vient ensuite des taxes. Des gouvernants actuels ont une perception très particulière des frontières. Ils considèrent qu'elles pourraient être à sens unique : accueillir et payer pour l'intégration de ceux qui sont accueillis. Des frontières ouvertes, c'est aussi pouvoir … partir. Aller ailleurs. Et le jour où la classe moyenne aisée française va pratiquer cet autre volet des frontières, c'est tout le "modèle" français qui explose en plein vol. Au regard de ce que je vois, chaque jour qui passe me semble rapprocher ce risque d'explosion parce qu'il y aura un jour la taxe de trop et là on s'en approche très sérieusement.
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Nouvelle monarchie et Ancien Régime
Les Français ne sont pas sortis de la mentalité de l'Ancien Régime : noblesse, monopoles, privilèges comparés. Cette semaine un exemple fort : un député évoque la nécessité de supprimer des avantages de gratuité de déplacements de cheminots. Et un auditeur lui indique "mais les députés en bénéficient". Et le député répond "ne devenez pas populiste". Tout le choc est résumé par cette formule. Dans la culture des "privilèges comparés" la classe politique doit sortir de son cocon avant de demander des efforts aux citoyens. Cette mentalité de l'Ancien Régime n'est compatible qu'avec un "Roi Républicain" qui passe par le suffrage universel direct pour une fonction honorifique et décorative s'exprimant pour incarner ce qui unit la Nation. C'est cette culture qui a fait la popularité de Chirac à l'Elysée. Il allait être le bouclier contre les protestations trop violences allant même jusqu'à lever l'application d'une loi votée (CPE), ce qui est irréel dans une République. Est-ce que cette mentalité de l'immobilisme est encore possible ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c'est qu'il faut une explication à un fait : comment le pays des taux records d'impositions et d'endettement peut fonctionner aussi mal avec des services publics qui crient "misère" ? L'argent doit pourtant passer quelque part. A ce stade, le problème, c'est que face à un pays avec sa mentalité d'Ancien Régime, il y a une nouvelle monarchie qui veut changer les règles appliquées aux autres mais à pas à elle-même. Parce que la monarchie demande l'exemplarité, les économies … aux autres et pas à elle-même. Elle est au-dessus de ces "contraintes matérielles", de ces "vicissitudes ponctuelles". C'est ce choc qui est en train de creuser un divorce en France qui ne peut pas se régler dans la douceur. Parce qu'il y a là deux mentalités incompatibles.
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Facebook confronté au nouveau concept des … « données publiques privées »
La bataille qui est actuellement engagée à destination de Facebook dans le dossier Cambridge Analytica relève de l'irréel. Les faits sont simples. Aujourd'hui sur les réseaux sociaux, des personnes s'exposent dans les moindres gestes de leurs vies privées. Cette exposition est de leur fait. Il faudrait que des données qu'elles rendent publiques deviennent … privées. Instagram est ainsi actuellement au coeur d'un contentieux notoire pour reconstituer un pays de résidence donc un statut fiscal. Personne n'obligeait les intéressés à poster des photos. Des personnes qui mettent des données privées dans le domaine public, comment peuvent-elles ensuite demander à ce que ces données soient considérées comme … privées ? Cela n'a aucun sens. Sur le fond, cette bataille irréelle, c'est la revanche de l'ancien système qui est désormais très ébranlé par le "nouveau monde" et qui cherche tout ce qui est possible pour poser de nouvelles barrières : les fake news, maintenant les données publiques mais privées … L'ancien monde n'a jamais imaginé le souffle de ces nouvelles technologies. Jamais imaginé l'ampleur des véritables révolutions. Facebook est exposé à une réelle bataille d'arrière garde.
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On a tous une rivière au coin de son enfance
En France, la gauche va très vite se reconstituer. Le "grand patronat" mobilise toute son énergie pour qu'il en soit ainsi. Comme il y a autant de patrons qu'il y a d'entreprises, en revanche, la "caste" des patrons des grandes entreprises en France est issue d'une technostructure uniforme interchangeable. Elle vient du public. Passe dans le privé. Retourne au public. Ce ne sont pas des patrons mais des managers. Très différent. Deux cultures opposées. Ils ne gèrent pas leur argent mais celui des autres. Ils ont donc des comptes à rendre en permanence. D'où un comportement terriblement moutonnier puisque c'est ainsi le parachute pour dire qu'un autre n'aurait pas fait mieux. Carrefour en est une caricature. Son PDG a créé quelle entreprise ? Aucune ! Alexandre Bompard vient de l'inspection des finances :la fonction publique. Il a débuté dans un cabinet ministériel. Puis est passé dans la communication (Canal, Europe1) et maintenant il est dans la … grande distribution. On est loin d'un vrai patron qui a créé l'entreprise, qui en est l'actionnaire de référence et qui peut faire claquer ses galons du terrain en cas de conflits avec des actionnaires. Et en plus cette technostructure passe à côté de la notion d'entreprise citoyenne. Regardons le talent d'actions de Patagonia avec sa dernière campagne sur les rivières sauvages. Yvon Chouinard fait vivre son entreprise par des causes fortes. Il donne envie de s'associer à sa marque. On a tous une rivière au coin de son enfance. Quelle grande entreprise française a conduit une réelle action de ce type ! Aucune. Et pour les organismes de représentation professionnelle non pas un jeune ou une femme charismatiques mais un bon senior si possible à particule. Bien coincé, ne quittant jamais sa cravate pour surtout incarner la caricature de la "vieille France" qui aimait le choc des classes. Allez, comme avec Carrefour, encore quelques efforts de ce type et la gauche reviendra en grande forme. La France éternelle …
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18 milliards d’euros !
Ce matin sur LCI, Bruno le Maire a officialisé l'entrée dans un nouveau cycle : la hausse des taux d'intérêt. C'est une nouvelle donne majeure pour l'Etat français. Des repères simples sont nécessaires. 1) Sur 2017, pour sa structure courante de fonctionnement, l'Agence France Trésor a chiffré son besoin de financement à 185 milliards d'euros. 2) De 2012 à 2016, les intérêts annuels de la dette ont baissé de 5 milliards d'euros alors même que le capital de la dette augmentait sur la même période de 277 milliards d'euros. C'est dire combien la structure de fonctionnement de l'Etat a reposé sur un endettement croissant dont les effets ont été modérés artificiellement par la baisse des taux d'intérêt. 3) Si les taux d'intérêt augmentaient progressivement pour parvenir à un taux "moyen" d'avant crise 2008 , c'est une augmentation de 18 milliards d'euros à compter de la 3 ème année c'est à dire à année pleine compte tenu de l'actuelle structure de l'endettement de l'Etat français. Or le propre de la dette c'est que le loyer de l'argent doit être payé sans contrepartie de nouvelles prestations. Le mur est là.
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L’avenir dépend des engagés
Hier, la marque Patagonia a diffusé à tout son réseau une vidéo (cf ci-dessous) appelant à la mobilisation des citoyens pour défendre l'environnement. C'est la réalité des actions efficaces. L'avenir dépend des engagés. Il ne dépend pas d'un homme "providentiel" à la tête d'un Etat. Il dépend encore moins de politiques emprisonnés dans des réseaux d'impuissance. Il dépend des citoyens engagés. Et aujourd'hui, grâce au numérique, les engagements n'ont jamais été aussi faciles, aussi permanents. Je participe à de nombreuses causes conduites par Patagonia (défense de sanctuaires naturels …), c'est un délice de constater la qualité des informations transmises. Dans la période actuelle, c'est probablement le maillon faible de la France. Il n'y a plus assez d'engagés. Des personnes qui croient dans des causes. L'indifférence a gagné trop de terrain. Le sauve qui peut individuel règne. Le fatalisme remporte des victoires. C'est le vrai tournant face à des causes indispensables : climat, protection animale … : il faut des engagés ! Des personnes qui ont des convictions. Qui les exposent. Qui les défendent. Qui les financent même modestement mais le nombre fait ensuite la puissance. Participer aux causes défendues par Patagonia c'est un bel engagement. Le premier d'une longue solidarité.
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#f3Alpes : un reportage sur Killy qui montre l’irremplaçable valeur ajoutée du vrai contenu
A la fin des années 90,Bernard Chevallier, alors Président de la FFS, me contacte pour étudier la reprise du magazine de la FFS : Ski Français. Plusieurs semaines plus tard, un samedi après-midi au siège de la FFS à Annecy, plusieurs candidats à la reprise présentent leurs projets. Le mien est adopté. Ce n'est que quelques semaines plus tard que je me retirerai en raison d'incompatibilités d'humeurs avec des membres de l'équipe du Ski Français (locaux à Grenoble) car il ne peut y avoir de projet professionnel sérieux dans la mésentente aussi manifeste. Décision que je n'ai jamais regrettée. Pendant cette période, au titre des contacts exploratoires, 3 entretiens de travail m'ont laissé des traces fortes. D'abord Laurent Boix-Vives que je connaissais de longue date. Retrouver sa gentillesse. Sa simplicité. Mais pour la première fois à ce point dans une discussion professionnelle découvrir son sens du détail, la connaissance de son métier : par exemple parmi tant d'autres, par pays : être capable de citer les couleurs porteuses de ses matériels. Et il dressait la liste effectuant une tournée géographique mondiale. Second entretien, Jean Claude Killy. Je l'avais rencontré comme VP de la Région Rhône Alpes chargé des finances dans le cadre de la préparation des JO d'Albertville avec le maire d'alors de cette belle ville, le Dr Henri Dujol, un homme remarquable. Avec l'un des commissaires aux comptes de la FFS qui connaissait bien JC Killy, une réunion de travail était intervenue à Genève pour le point sur Ski Français. Rien de particulier sauf l'économie des mots de l'intéressé dans un cadre sympathique mais peu disert. Et le troisième rendez-vous fort, Honoré Bonnet. Et cet entretien m'avait marqué par l'explication du travail et de la discipline. J'étais ressorti de cet entretien avec une vision différente des champions de ski : d'abord une école de travail et de discipline. La première fois à ce point. L'intéressé donnait les détails, les horaires, la musculation … Et hier, en visionnant le reportage de #f3Alpes, c'est la 1ère fois que je retrouve des explications aussi détaillées, aussi proches de cette présentation d'alors que je n'avais retrouvée nulle part jusqu'à ce jour. 50 minutes de vrai contenu : détaillé, sincère, honnête. Ce reportage ci-dessous est un bel exemple de professionnalisme montrant la valeur ajoutée irremplaçable du contenu. Belle réussite professionnelle.