Denis Bonzy

Catégorie : Bourse

  • L’autre visage de l’international …

    Justin Trudeau 10 09 18

    Des médias français, tout particulièrement des chaînes TV, ont une conception très particulière de l'international. C'est soit le théâtre de la célébration de la "puissance française" lors de diverses manifestations soit la mise en relief de ce qui ne fonctionne pas à l'étranger. Dans ce dernier cadre, c'est d'ailleurs parfois un réel choc que de constater un reportage lénifiant pour un dysfonctionnement en France et implacable pour une faiblesse dans un pays étranger. Mais il y a un angle qui presque systématiquement défaut : présenter de façon détaillée les bonnes nouvelles intervenues dans un pays étranger. Vendredi, les statistiques sont tombées au Canada au sujet du chômage. Le marché du travail canadien a affiché son neuvième mois de gains d’emplois consécutifs en août 2017, ce qui constitue sa plus longue progression depuis la crise financière de 2008. Statistique Canada a révélé que la hausse, le mois dernier, de 22 200 emplois a permis de faire diminuer le taux de chômage de 0,1 point de pourcentage au Canada pour s’établir à 6,2 %. Cela correspond à un niveau d'emploi d'avant la crise de l'automne 2008. Et dans le même temps, le niveau moyen des salaires a augmenté ! Une réalité qui explique le niveau de confiance en faveur de Justin Trudeau. Et, dans les médias français, il n'a pas été davantage question par exemple des emplois créés par Ubisoft. L'annonce est intervenue le 5 septembre : création d'un nouveau studio avec 150 emplois créés à court terme. Cette entreprise a son siège social à Rennes et les emplois créés le sont à … Saguenay (Province de Québec). Les aides et les charges sociales font la différence. C'est aussi cela l'autre visage de l'international …

  • Pourquoi Jeff Bezos ne pouvait pas être français …

    Amazon siège

    Remarquable article des Echos du jeudi 7 septembre sur les 5 leçons a retenir de Jeff Bezos. Jeudi 7 septembre, Jeff Bezos a annoncé la construction d'un second siège : 5 milliards de dollars de travaux, 50 000 emplois créés … Amazon, c'est déjà 380 000 salariés soit le 8ème employeur des Etats-Unis ! Parmi les 5 leçons très instructives, il y a la leçon 4 : accepter de perdre de l'argent. Quand il était venu en France en 2 000 (29 août), Amazon c'était un CA de 70 millions de dollars de CA avec 25 millions de dollars de pertes sur l'exercice 1999. A l'issue de son point professionnel sur une péniche à Paris, j'avais brièvement parlé avec lui. Il avait reçu un orage de grêle des journalistes français annonçant l'éclatement de la "bulle Amazon" et datant même pour certains le moment de sa … liquidation. En France, il faut gagner de l'argent … tout de suite. Les seuls organismes qui peuvent perdre de l"argent, c'est le public sans que là des questions soient jamais posées comme s'il avait vocation, même dans des domaines concurrentiels, à cumuler les trous à boucher et les grandes entreprises avec beaucoup de salariés qui peuvent engager un chantage à l'emploi pour obtenir des renflouements. Pour les autres, accepter le long terme, c'est impossible. Le mécanisme est verrouillé : le commissaire aux comptes lance des alertes. L'expert comptable est pris d'angoisse. Les concurrents agitent le drapeau rouge en ayant comme argument de vente que l'entreprise en question ne peut plus survivre longtemps. Il maque plus que la convocation dans la salle d'attente du tribunal de commerce et la "messe est dite" : le sapin est avancé … C'est certains que Jeff Bezos ne pouvait pas être français. Mais en attendant l'essentiel des emplois qu'il crée ne le sont pas non plus. Un constat qui mériterait d'être analysé plus sérieusement que d'actuels débats bien éphémères …

  • Alibaba : monter jusqu’où ?

    Amazon NYC 25 05 17

    En juillet 2016, le cours de l'action d'Alibaba était de 81 dollars. 12 mois plus tard, il est de … 152 dollars. Rarement le nom emblématique d'une société n'a été aussi mérité comme caverne à trésors. Dans le même temps, Amazon, autre "logisticien" d'envergure mondiale, a vu le cours de son action passer de 700 à 1012 dollars sur la même période. Jamais dans l'histoire de l'économie, des sociétés ont été aussi rapidement constituées, reconnues et dotées d'un capital rendant les démultiplications possibles aussi gigantesques. La capitalisation boursière d'Alibaba aujourd'hui c'est 5 fois Danone, plus de 6 fois GDF – Suez, près de 20 fois Veolia Environnement, pour citer quelques-unes des références du CAC 40. Un nouveau monde économique est en train de naître et la compétition se concentre beaucoup Etats-Unis / Chine … Le décrochage français de plus en plus manifeste dans cette course aux leaders mondiaux modernes. Une réalité qui mériterait d'être analysée avec davantage de rigueur.

  • Marché Goodfood : des enseignements très riches

    Goodfood 11 07 17

    Depuis plusieurs mois, l'opération d'introduction en bourse de Marché Goodfood (TSX : FOOD) sur la bourse de Toronto avait été signalée dans nos articles. Le 1er article sur ce sujet date du 11 mars 2017, bien avant l'introduction en bourse. L'introduction a eu lieu. Une société qui compte 23 000 membres et qui réalise 200 000 livraisons de plats cuisinés par mois en moyenne soit un CA de 2, 8 M$ a été valorisée 100 M$. Cette société a montré les 4 socles d'une réussite probable :

    1) lever des fonds pour accélérer la croissance et prendre une place de leader sur un segment de marché en 3 ans d'existence,

    2) lever ces fonds sur la base d'une valorisation qui ne dépossède pas les fondateurs donc qui les motive à rester dans l'opération en décideurs avec le savoir faire qui est le leur,

    3) fixer un montant de la part sociale (2$) très bas ce qui favorise l'actionnariat populaire surtout pour un métier (la gastronomie) qui parle facilement aux citoyens. L'offre est simple : des plats cuisinés livrés à domicile avec une logique d'originalité dans la nourriture et un accompagnement d'informations. Le constat : à 17 heures, 70 % des personnes ne savent pas ce qu'elles vont manger le soir. La journée a été pénible. Le repas retrouve alors son espace de plaisir et de convivialité et n'est plus une contrainte supplémentaire dans la journée,

    4) accéder rapidement à la bourse c'est à dire financer le développement par le plus grand nombre potentiel d'actionnaires avec donc le maximum de liberté pour les managers face à des opérateurs bancaires traditionnels.

    Tant que la France n'aura pas tiré les enseignements d'opérations de ce type, elle bridera la "seconde vie des start-ups" dans des conditions qui vont être très pénalisantes dans les prochaines années et très destructrices d'emplois en France. 

  • Bon goût + bonne conscience = fait maison !

    Jardiner dans 1 m²

    Une véritable révolution culturelle est en route. La "génération fun" a pris le pouvoir. Hier marginale ou rebelle, cette mentalité progresse considérablement. Elle est en train de changer la donne. Elle fonctionne sur la logique de l'utilité ludique. C'est une mentalité entièrement différente des anciennes générations. Elle ne supporte pas le comportement surveillé, arbitré, programmé, uniforme. Elle veut concilier l'utile et l'agréable, le nécessaire et le plaisir. Mais surtout, elle personnalise le produit. Elle s'approprie un produit. Depuis plusieurs années, avec Eric Merlen, Béatrice Metenier et Lydia Menut notamment, nous avions anticipé cette évolution alors naissante avec des collections de guides pratiques (balades gourmandes, bivouacs sous les étoiles …). Mais depuis 4 à 5 ans, le phénomène a changé d'ampleur. Et nous ne sommes qu'au début d'une probable vague considérable. Le circuit de l'alimentation sera révolutionné. Actuellement ,l'une des plus belles ventes de l'édition c'est "jardiner dans 1 m²". Une excellente idée que de montrer que le jardinage est compatible avec le petit espace même le plus symbolique : 1 m² ! Idée excellente du possible partout. Des sociétés comme marché goodfood, Une Petite Mousse … font vivre cette culture. Quand l'environnement entre de cette façon par … le jardin, sa place dans le débat politique ne sera plus jamais la même. C'est l'un des plus beaux succès actuels à l'exemple des jardiniers urbains et des opérations "cultivons nos toits". 

  • Jeff Bezos (Amazon) ou le chemin entre le 29 août 2 000 à Paris et le 25 mai 2 017 à New York …

    Amazon NYC 25 05 17

    Hier, à New York, Jeff Bezos (Amazon) a ouvert sa première librairie. Une existence physique. Du dur. Un point de ventes dans une rue. Loin de la vente en ligne du début. Désormais complémentaire de la vente en ligne du début.  Grâce à Martine Collonge, alors dynamique et efficace déléguée régionale d'Euronext Lyon (antenne régionale aujourd'hui fermée !), j'avais pu rencontrer Jeff Bezos sur une péniche à Paris lorsqu'il était venu ouvrir sa première antenne française. Les places étaient comptées, rares. Il avait fallu rapidement répondre et recevoir 10 jours avant une immense carte de confirmation en carton lourd qui occupait la moitié d'une table. Le chemin est fabuleux en 17 ans.

    En 2000, à Paris, Jeff Bezos fête son 100 000 ème client en France. Il explique que le site français appliqué alors aux seuls livres devrait être "facile à gérer" puisque le prix unique du livre ne permet pas la bataille sur les prix qui sévit dans les autres pays. Il expose toute sa vision, étape par étape et convie à … l'Aventure. Les journalistes français présents passent leur temps à le questionner sur le "temps de survie" de sa société qui à cette époque réalise 70 millions de dollars de CA mais enregistre 25 millions de dollars de pertes sur l'exercice 1999. Et de conclure de façon quasi-unanime : "… la bulle Amazon va éclater".

    25 Mai 2017, avec le parcours du "numérique au physique" évoqué alors, Jeff Bezos peut évoquer d'autres chiffres. Amazon c'est 135 000 salariés, 90 milliards de dollars de CA. En 2016, c'est 2 milliards de dollars de bénéfice net. Chaque mois c'est 20 millions de visiteurs pour le seul pays de la France. La "bulle a éclaté" mais dans la réussite la plus totale.

    Ce parcours fabuleux n'aurait jamais été possible sans plusieurs éléments de la chaîne du succès :

    • la vision de l'entrepreneur,
    • l'acceptation du risque par de véritables capitaux risqueurs pour des sommes considérables,
    • la diversification des ressources par un marché boursier qui accepte la place des défis.

    Autant d'étapes éloignées du début quand Jeff Bezos s'était installé en mobilisant les 300 000 dollars qui étaient toutes les économies de ses parents. 

    Le jour où la France sera la terre de telles aventures, l'emploi et l'économie iront mieux. Ayant alors tourné la page d'une représentation patronale caricature d'archaïsme frileux, cénacle de managers interchangeables qui ont si vite compté dans les cercles protégés dont l'administration et qui n'engagent pas leur patrimoine personnel, partenaires de réseaux bancaires habitués à ne prêter qu'à ceux qui ont déjà … réussi et éloignés d'un financement boursier puisque en France le hasard avec le loto est Dieu tandis que la bourse avec le raisonnement est le … Diable. Mais ce jour là en France est-il seulement possible ?

    Jeff Bezos

     

  • Bourse : Snapchat ou la consécration du critère de la place de marché

    Snapchat 12 05 17

    Beaucoup de commentaires accompagnent actuellement la chute de la valeur Snapchat. Il y a un enseignement simple à en tirer : la consécration du critère de la place de marché. Pour avoir été pendant 7 ans comme professionnel extérieur intervenant à l'Institut Supérieur Européen de Gestion à Lyon pour le cours sur les introductions en Bourse, je suis aujourd'hui satisfait de voir à ce point la reconnaissance de l'importance essentielle de ce critère que je mettais en relief en permanence bien au-delà des chiffres classiques habituels (CA, RN …).  En Bourse, les investisseurs achètent de l'avenir. Seule la place de marché est le critère de l'avenir.

    La place de marché, c'est quoi ? C'est la conjonction de 4 critères :

    1) Etre numéro 1 sur son segment de marché : on ne retient qu'un leader de segment de marché. Le n°2 a un handicap immédiat : il doit clarifier ce qu'il fait d'autre et de mieux que le n°1 perçu. Ce qui est aujourd'hui le problème de Snapchat face à Facebook.

    2) Disposer de fortes barrières de protection face aux concurrents : la barrière de protection c'est l'assurance que soit les concurrents vont devoir acheter soit qu'il y a du temps pour qu'ils rejoignent le leader. Dans les deux cas, c'est une protection considérable.

    3) La place de marché doit être associée à un marché perçu comme porteur dans le temps. Tout l'enjeu est sur la perception de croissance. Il n'est pas nécessaire que cette croissance soit incontestablement justifiée. Il est indispensable que cette croissance soit "la raison partagée". Le marché a par définition un comportement moutonnier puisque la "raison partagée" est le filet de sécurité des investisseurs en cas d'échecs quand ils n'ont pas engagé leur argent personnel. "Avoir fait comme les autres" est l'argument pour se dé-responsabiliser vis à vis des réels propriétaires des fonds.

    4) Face à la place de marché de base, les démultiplications ultérieures éventuelles doivent être perçues comme des niches de croissance à moindre coût. 

    Snapchat est faible sur les 4 critères. La période s'annonce délicate dans l'attente d'un repositionnement.

    NB : je saisis l'occasion de ce billet pour remercier tous les anciens étudiants qui me passent régulièrement des messages très sympathiques via des réseaux sociaux dont LinkedIn. Cela me touche beaucoup et j'en félicite le très grand nombre pour la qualité remarquable de leurs parcours professionnels.

  • Marché Goodfood : étape clef le 17 mai ou les messages passés à la … France

    Goodfood 07 05 17

    Dès début mars, j'annonçais l'introduction en Bourse à venir de Marché Goodfood. Elle est désormais confirmée avec une date clef : le 17 mai. C'est un tournant dans un moment clef de la vie de chacun : la cuisine. Le succès de Marché Goodfood (200 000 repas livrés chaque mois dans plusieurs régions du Canada) atteste d'une évolution de fond : la personnalisation de l'alimentation avec le goût de la découverte. Un créneau déjà vécu avec succès par Freshii sur la base de l'alimentation santé à petits prix. A 17 heures, 70 % des personnes ne savent pas quel sera leur repas du soir. Plus il est question de jeunes générations, plus ce chiffre est élevé. Quoi de plus simple que d'être livré à domicile : juste ce qu'il faut, avec toutes les garanties sur la qualité des produits et les informations sur la recette à mettre en oeuvre en quelques minutes. C'est le même esprit que Le Petit Ballon ou Une Petite Mousse. Ce qui est intéressant dans le parcours de Marché Goodfood, c'est l'étape par le passage par la Bourse de Toronto dont les valeurs sur 2016 ont été les plus actives en moyenne. Pour qu'un marché financier soit performant, il faut des étapes avant la "grande cotation" sur un marché majeur. La France a déstructuré les places régionales d'Euronext. Ce faisant, elle a liquidé des étapes initiatrices utiles. C'est un échec considérable qui pénalise beaucoup les startups. Si ce dispositif n'est pas rapidement corrigé, c'est un facteur d'expatriation qui va beaucoup impacter les emplois en France. la Bourse reste une étape de développement qui mérite d'être mieux considérée parce qu'elle permet des opérations mixtes (cessions de titres et augmentations de capital), parce qu'elle assure une indépendance face aux banques … Faute de corrections rapides dans les deux ou trois prochaines années, avec une telle faiblesse, la France décrochera significativement de la seconde étape de vie d'une startup. 

  • La présidentielle va entrer dans le dur …

    Bourse 12 12 16

    Aujourd'hui, l'écart entre le taux d'emprunt à 10 ans de la France et celui de l'Allemagne a brutalement grimpé de 70 points de base. Les marchés financiers n'excluent plus un second tour Le Pen / Mélenchon. Il y a des indicateurs "discrets" qui méritent l'attention. Hier, Sur YouTube, la retransmission du meeting Mélenchon à Marseille = 400 000 visites (exactement 386 497 !). Fillon, même en cumulant tous les supports, on arrive au dixième de … Mélenchon. Après le "vote caché", il faudrait aussi croire à une "audience cachée" … Ces signes ne trompent pas en marqueur de dynamique à ce jour. Maintenant, on va voir deux réalités. La "peur" des marchés financiers va-t-elle frapper ? Ou le niveau de révolte populaire est tel qu'aucun "grand tuteur" dont les marchés financiers ne peut canaliser un vote ? Et demain comment la France pourrait fonctionner avec sa dette gérée face à une poussée brutale significative des taux d'intérêt ? La présidentielle 2017 est en train de changer de dimension.

  • Snapchat : à quand le passage sous le cours d’introduction ? Quelles conséquences bien au-delà de ce seul titre ?

    Snap. Inc 02 03 17

    Après la montée spectaculaire des premiers jours, la chute du cours de Snapchat se poursuit irrémédiablement avec un enjeu majeur : à quand le passage sous le cours d'introduction ? Le cours d'introduction était de 17 dollars. Aujourd'hui, Snapchat est à près de 19 dollars. Entre les deux, le cours est monté à 27 $ ! Dans le même temps, les volumes de titres échangés chutent également. C'est une réalité qui va entraîner deux conséquences de fond. 1) Augmenter le sentiment que les introductions en bourse de valeurs aux fondamentaux éloignés des critères classiques visent fondamentalement à désengager avec plus-values les actionnaires historiques. 2) Si la liste des "plongées" s'allonge avec des titres qui se stabilisent ensuite à des niveaux très inférieurs au niveau d'introduction, c'est la dissuasion pour des particuliers de participer à ce dispositif puisque ceux qui ont manifesté leur intérêt pour un titre ont une partie de risque considérable y compris par rapport à un supposé plancher d'introduction. A ce "rythme", les valeurs de ce profil compteront de moins en moins sur la participation des particuliers et devront s'en remettre au comportement moutonnier des institutionnels qui fonctionnent au gré des modes des analystes. Dommage.