Denis Bonzy

Les vaccins et la stratégie du ketchup

Peter Thiel

L'échec des vaccins en France devrait mettre en lumière l'archaïsme de tout un système financier public et privé. Public, parce que les budgets de fonctionnement des collectivités publiques dévorent tous les produits des impôts au pays de l'imposition pourtant record. Donc l'investissement neuf est un parent pauvre généralisé à tous les niveaux comme l'affaissement de tous les services publics fondamentaux dont la santé et l'enseignement. Privé parce que la richesse privée est tellement jalousée donc haïe que tout est organisé pour le nivellement par le bas. Une situation annoncée par exemple dès le début des années 2000 lors des conférences de Leonardo Finances. Tout y est. La différence fondamentale : aux Etats-Unis, des capitaux risqueurs jouent leur argent alors qu'en France, des gestionnaires de portefeuilles dont les banques jouent l'argent des autres avec par définition un comportement moutonnier puisqu'il faut rendre des comptes et que le bouclier ultime c'est "c'est pareil chez les autres". Peter Thiel en 2004 a investi 500 000 dollars chez Facebook. Quelques années plus tard, après l'introduction en bourse de Facebook il vendait 20 millions d'actions et empochait 1 milliard de dollars. Il fait probablement actuellement la même "culbute" avec Palantir. Mais à côté de tels succès, Thiel énumère ses gadins et son choix : la stratégie du ketchup : on tape au cul de la bouteille, il ne sort rien et d'un coup toute la bouteille sort. Une acceptation du risque quasi hors culture en France. Avec sa culture égalitaire, on assiste actuellement à la décomposition du système français : l'égalité dans le néant avec un carcan administratif généralisé. C'est l'institutionnalisation du tampon jusqu'à la caricature même pour sortir de chez soi. Un pays exsangue. L'idée même de nation ne signifie plus rien : qu'est ce qu'être Français aujourd'hui ? Cela signifie quoi ? Le projet collectif est hors sujet puisque les citoyens sont des clients demandant toujours davantage aux guichets de l'Etat. La V ème République vit une totale crise de régime. Un symbole parmi d'autres : ce régime débuta avec Malraux à la Culture et maintenant c'est Bachelot au même ministère. Il n'y a pas d'échec des vaccins. Il y a la faillite d'un système qui n'a même plus la lucidité de reconnaitre sa faillite avec honnêteté. 

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