La France n'aime pas les héritiers. Sa fiscalité sur l'héritage est d'ailleurs un signe : devoir encore payer sur ce qui a déjà été tellement imposé. Irréel. Il y a un domaine où elle acceptait encore les héritiers : la politique avec ses héritiers du suffrage. Jusqu'en 2017, les héritiers du suffrage étaient supposés indétrônables. Une marque par le label d'un parti politique avec une petite valeur ajoutée personnelle et l'héritage politique était assuré : hériter pour longtemps. L'élection était presque alors parfois perçu comme une simple formalité administrative : passer devant les électeurs, c'était comme passer devant le notaire pour acter une situation. Toute une structure mentale reposait sur cette logique. Les héritiers du suffrage étaient voués à durer : les monarchies républicaines. Or, depuis 2016, la règle ne fonctionne plus. Trump, le candidat sans chance vu depuis la France, a battu Hillary, la toujours future Présidente assurée depuis 2008 déjà. En 2017, en France, un jeune candidat a explosé les partis traditionnels. Idem pour les législatives dans la foulée. Et depuis, pas un scrutin dans une démocratie occidentale qui ne sanctionne pas les héritiers du suffrage, ces professionnels de la politique qui vivent de la politique. Et les municipales échapperaient à cette tendance ? Pourquoi ? A quel titre ? L'ambiance actuelle est surréaliste sur ce sujet. Le dégagisme sévit partout mais il resterait au vestiaire pour les municipales. Les réseaux sociaux ont tout gagné mais pour les informations locales ce serait encore le règne de la bonne vieille information papier. Le client demande partout davantage de respect et de réactivité mais dans la démocratie locale il accepterait avec plaisir d'être méprisé, d'écrire sans avoir la moindre réponse et la liste pourrait durer longtemps. Comme pour les vues basses d'hier, de l'incapacité à prévoir Trump au succès de Macron, le même traditionalisme intellectuel sévit. En France, on ne "prévoit" les tsunamis que quand la vague est passée. Et à cette étape, les explications justificatives sont d'autant plus nombreuses qu'elles avaient été défaillantes auparavant. La vague se prépare et elle s'annonce manifestement dévastatrice.
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