Denis Bonzy

La vraie fracture

Manifestations 4 05 19

Dans la société française, il y  a désormais une vraie fracture. C'est celle qui sépare d'un côté ceux qui ont besoin de quantité et d'un autre côté ceux qui aspirent à de la qualité. C'est une réelle fracture d'abord matérielle, financière. La société française a progressivement augmenté le nombre des personnes qui vivent en-dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté. Selon la définition du seuil de pauvreté c'est entre 5 et 9 millions de personnes en France. C'est énorme. Et si cette approche devait être étendue à la notion de "crise de fin de mois", selon les rapports, c'est 12 à 15 millions de personnes. Gigantesque. Pour ces personnes, le besoin c'est du "sonnant trébuchant". Du pouvoir d'achat immédiat. Le reste, c'est de la "parlote". Vis à vis de cette société de la contrainte permanente où chaque dépense doit être comptée, il y a de la haine. Il suffit de dialoguer pour en mesurer l'immensité. Face à cette partie de la société, une autre partie qui vit bien et qui aspire à de la qualité. La qualité de la vie avec des loisirs. La qualité de la ville avec de l'esthétique urbaine. Il ne s'agit plus de construire mais de faire beau. Il ne s'agit plus d'ouvrir des rues mais de les agrémenter. Et la qualité de la décision : il ne s'agit plus de se contenter de voter mais de faire vivre un dialogue permanent. Entre ces deux sociétés l'incompréhension est totale. Bien davantage, la seconde quand elle s'expose, ce qui est de plus en plus quotidien avec les réseaux sociaux, ne peut qu'aiguiser les colères de la première. La crise systémique est là. L'erreur fondamentale des actuels gouvernants c'est de ne pas voir l'urgence pour calmer cette fracture. Ce qui passe par rendre des facilités matérielles donc du pouvoir d'achat pour sortir des crises de fin de mois. Il ne faut pas être timide dans ce domaine mais volontaire. Avec des coupes sombres immédiates dans la dépense publique : depuis des symboles qui financièrement sont marginaux mais moralement forts comme la fin des fromages de la République jusqu'à des pans entiers de gaspillages notoires. En ne le faisant pas, Emmanuel Macron montre qu'il est et reste un "enfant du système". Et c'est une faute qu'il va probablement payer très cher dès les européennes avec le poids de l'abstention et celui du RN. Le lendemain, beaucoup sera encore plus difficile alors. 

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