Denis Bonzy

Seule la fin éclaire toute l’histoire

Chatham 13 04 19

Dans une vie, il faut toujours chercher à reconnaitre d'abord ce qui a été une chance. L'une de mes chances a été le "conseil des petits carnets" donné par l'un de mes professeurs de droit. Avec ces petits carnets, j'ai noté, noté, relu et parfois plusieurs années plus tard constaté l'extrême qualité des remarques alors effectuées. C'est très rare de trouver des personnes qui vous conseillent dans votre seul intérêt sans arrière-pensée, sans jalousie, sans calcul … Un véritable privilège que de bénéficier de l'apport de leur expérience. Si mes articles sur ce blog pouvaient trouver un jour une quelconque utilité durable à destination de jeunes lecteurs, avec le recul, je leur recommanderai le "jeu des petites enveloppes". Quand on a 20 ou 25 ans, prendre une vingtaine d'enveloppes et mettre à l'intérieur les épreuves que l'on ne souhaite pas croiser sur son chemin. A chaque épreuve rencontrée, déchirer l'enveloppe. Si à la fin de la vie, il reste beaucoup d'enveloppes, c'est que la vie a été généreuse puisque manifestement elle n'a pas imposé des rendez-vous malheureux non souhaités. C'est une bonne méthode. Car seule la fin éclaire toute l'histoire. Et il faut être capable de quantifier les conditions de la fin. Dans l'ensemble, à ce jour, je reconnais ce côté généreux. Mais il y a un domaine où les épreuves ont été sévères parce que nous avons connu la quasi totalité de la gamme des épreuves, c'est avec nos animaux. Nous avons lutté pendant des mois, des opérations (6) face à un cancer inattendu à un jeune âge (Manhattan). Puis pendant des années avec le yoyo de la torture des bonnes et mauvaises nouvelles (Aspen) … ce serait triste de tout citer. Avec Chatham, c'est l'entrée dans un cycle d'âge où tout devient plus difficile pour elle. Son assurance lors des promenades a baissé. Sa vue ne lui permet plus d'être réactive sur des obstacles latéraux. Son ouïe est faible. Nous nous adaptons à tout pour qu'elle soit sereine, calme, respectée dans ses nouvelles contraintes. Ensemble, nous avons vécu déjà de nombreuses épreuves dont l'opération de la rupture de ses ligaments croisés. Elle ne concevait pas alors ne pas dormir sur le lit. Donc je m'étais attaché une petite ficelle à son collier pour être réveillé dès qu'elle pouvait souhaiter descendre du lit et la prendre dans mes bras pour éviter qu'elle saute, ce qui aurait été très mauvais pour elle. Là, une entrée dans un nouveau cycle de sa vie est manifestement intervenue. Elle suscite une réelle tristesse pour moi. J'espère que nous n'aurons pas matière à déchirer une enveloppe de plus de ce que nous souhaitons éviter. 

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