Denis Bonzy

La belle complice

Maison Geymond Gros Moran 21 04 19

Si les mots pouvaient se défendre, le mot "complice" mériterait un solide comité de soutien. Son sens a été tellement abîmé par une connotation juridique éloignée du sens premier : favoriser l'accomplissement. Ainsi, la nuit est complice du silence. La pluie est complice de la fertilité des sols. Et la liste positive pourrait s'égrener longtemps. Demain, c'est la Journée Mondiale de la Terre. Pour moi, un lieu symbolise la Terre. Gros Moran. La maison en photo ci-dessus (photo prise ce matin à 09.00). C'est là que durant mon enfance, pendant les vacances scolaires, j'ai découvert la belle complice : la Terre. Avec des cousins, je participais aux foins sur le champ en face de cette maison inoccupée : la Terre nourrit. Puis quelques mètres plus bas sur la droite, un ruisseau (le Lavanchon) : l'endroit du dépôt des gourdes pour garder l'eau fraîche : la Terre rafraîchit. A midi, pour la halte, quelques bois coupés et le feu de bois faisait chauffer un plat : la Terre réchauffe. Et là aussi, les volets de la complicité pourraient être énumérés longtemps. Le soir, l'odeur des champs. La beauté du coucher de soleil. Des couleurs que l'homme a pu recopier mais pas imaginer. Dans la vie, il y a ceux qui ont eu cette chance de complicité. Chaque jour, j'ai une extrême reconnaissance pour mes parents qui ont tenu à me faire connaître cette facette en dehors des livres scolaires. Avec la Terre et l'esprit paysan, il y a de nombreuses autres valeurs indissociables. Bien choisir ses habits, solides, durables, à l'écart des modes éphémères. Accepter le temps long. Croire dans la force incontournable du travail … : la belle complice. Elle mérite que nous nous mobilisions encore davantage pour la protéger. J'ai confiance quand je constate des prises de consciences individuelles de plus en plus nombreuses. 

Lavanchon 21 04 19

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