Mémoire Commune. 30 ans. 30 progrès. Notre histoire (9/30) : il y a beaucoup d'études pour tenter d'expliquer les ressorts d'une élection. C'est une alchimie étonnante. Loin de toute rationalité, mon expérience des campagnes électorales a montré la place d'un facteur décisif très souvent pas évoqué : le désir. C'est le moment où la victoire vient à celui ou à celle qui est capable de créer le désir. Le désir peut être positif : par exemple le coup de jeune donné à un système perçu comme usé : Obama 2008, Trudeau 2015, Macron 2017.
Peut-être O'Rourke 2020 aux Etats-Unis ? Le désir peut être celui de la sanction : Trump 2016, populismes européens ou l'élection devient le désir d'ouvrir "la boîte à gifles". Sur des plans municipaux, les campagnes de Juppé pour son retour à Bordeaux après son départ à Montréal (Juppé : tout naturellement) ou de Delanoë ( Paris, un temps d'avance) ont été des réussites remarquables. Localement dans l'agglomération, 4 campagnes sur les 30 dernières années m'ont semblé réussir à créer ce désir en changeant d'un coup totalement la donne traditionnelle. Carignon 1983 : la campagne de 4 m x 3 m change entièrement la situation en début de campagne. D'un seul coup les habitants de Grenoble voyaient un autre univers, frais, novateur, moderne, dynamique. C'est l'équivalent du coup d'épée du samouraï. Un coup est décisif. Il est capable de résumer à lui seul une nouvelle identité collective. Piolle en 2014 a fait une campagne de ce type. Jeans + vélo ont changé la donne. D'un coup, il donnait un coup de vieux aux autres candidats. Il devenait hors système politique. A Vif en 1989, Daniel Biston avec l'aide notamment de JF Fechino a fait vivre la fête dont la remise de mimosas la dernière semaine. C'était la renaissance d'un patriotisme municipal positif : recompter dans le paysage des territoires. La ville de Vif se revivait chef lieu de canton, une fierté réelle retrouvée tout particulièrement chez les anciens habitants. La même année, à Allevard, Philippe Langenieux Villard a réalisé une très belle campagne festive, chaleureuse, émotionnelle. Philippe est un créatif remarquable. A mes yeux, c'est l'une des plus belles campagnes de proximité. Chaleureuse. A travers cette reconnaissance de la capacité à créer du désir, la politique montre qu'elle est aussi (voire d'abord ?) une affaire de séduction et pas que de raison. Encore faut-il que le désir ne se transforme pas en mirage sinon le désamour sévère succède vite à la lune de miel. C'est tout le problème des relations affectives. Elles sont rarement nuancées … A 350 jours des prochaines municipales, ce sera instructif de constater qui est capable de se situer sur cette dimension émotionnelle.
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