Denis Bonzy

Les impasses garanties

Cordée

Beaucoup est fait actuellement pour tenter de culpabiliser des personnes qui ne s'associent pas à telle ou telle manifestation, à telle ou telle marche de protestation … Leur absence est présentée comme le marqueur d'une démobilisation. Et si d'abord c'était le marqueur d'une grande lucidité par refus de s'associer à des opérations vouées à l'impasse. La France est dans l'impasse généralisée. Pour trois raisons. 1) les décideurs publics ont pris l'habitude d'éviter les problèmes. En début de semaine, je parlais avec un des plus proches collaborateurs de Jacques Boyon, récemment décédé. Et il me faisait part des réflexions de J. Boyon sur les trois générations d'anciens élèves de l'ENA. Aux premiers (1960 – 1970), il leur était demandé de régler les problèmes. Agir et trouver des solutions. Aux seconds (1980 – 1990), il leur a été demandé de montrer qu'ils étaient capables de comprendre les problèmes tant la réglementation était devenue complexe. Et aux actuels, il leur est demandé de montrer qu'ils sont capables de savoir comment éviter les problèmes. Cette culture de l'évitement s'est généralisée. Conséquence concrète : aucun problème n'est sérieusement réglé. 2) Les décideurs publics sont tombés dans le culte de l'affichage et non plus du contenu. L'affichage c'est la photo sur les réseaux sociaux, le communiqué le presse, la petite formule … Le contenu sérieux est devenu rare, exceptionnel. 3) Le travail de fond permanent est l'exception. C'est très instructif de voir l'accueil du récent rapport du Sénat sur Benalla : il y a une sorte d'émerveillement à imaginer que le Sénat ait pu produire un tel rapport. C'est irréel. Ce qui devrait être ordinaire devient un événement. C'est dire l'ampleur des dégâts. Aujourd'hui ceux qui restent à l'écart sont peut-être d'abord ceux qui ont conscience de toutes ces impasses garanties dans de telles circonstances ... 

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