Hier, deux des filles de M. Jacques Menut ont posté des billets émouvants à l'occasion de la date anniversaire du décès de leur papa. J'ai toujours pour lui une extrême reconnaissance. La vie est faite de rencontres heureuses et d'autres moins agréables. Des premières, il faut en extraire des enseignements durables lorsque les écarts d'âges sont importants. Dans ma formation, ce fut le cas avec Gustave Peiser, Ernest Escolano, Gilbert Anton, Robert Viargues notamment. Dans le professionnel, Pierre de Villard, René Michal, Christian Gauduel m'ont beaucoup appris. Dans la politique, dès qu'il fut question d'écarts d'âges importants ce fut le cas avec Jean Boyer, Haroun Tazieff, Guy Cabanel et Jacques Menut. Ces noms là incarnent tout ce qui a disparu ces dernières années. Et si les disparitions de valeurs continuent à ce rythme, c'est une terre brûlée qui attend dans les 30 prochaines années. Qu'ont-ils appris à ceux qui voulaient apprendre d'eux ? 1) Il ne faut jamais être un professionnel de la politique. Il faut avoir une existence professionnelle personnelle à part entière en dehors de la politique. C'est la condition de la liberté et de la connaissance de la vraie vie. 2) Il ne faut jamais couper la tête du messager porteur des mauvaises nouvelles sinon c'est la coupure garantie avec des opinions différentes et l'espace utile des parts de vérités disparaîtra. 3) Il faut garder des valeurs solides, durables, être éloigné d'un esprit de l'éphémère qui change d'idées comme de saisons. 4) A côté de sa vie familiale, il faut être ouvert à autrui. C'est l'autre forme de l'utilité préservant de l'égoïsme qui ne consisterait qu'à penser qu'à soi et qu'aux siens. Quand j'entends aujourd'hui parfois des élus se plaindre pour les efforts pour poser trois lampions et organiser une mini choucroute party entre amis, je repense à toutes les animations qui ont … disparu. Celles qui mobilisaient la formidable énergie de M. Menut et de son équipe : grand prix cycliste, maisons fleuries, fête de l'artisanat de proximité, défilés de mode … Et des animations imaginées, préparées, organisées dans un cadre bénévole avec souvent des marges de rentabilité permettant d'organiser la prochaine animation. Tous ces écarts d'âges ont été porteurs d'expériences riches qui m'ont appris notamment une chose : bien vieillir c'est devenir roseau avec les racines d'un chêne. Roseau, parce que les nuances de la vie dont les épreuves fortes ont chassé la rigidité de la radicalité, ont appris la nuance donc la souplesse. Mais garder les racines d'un chêne, profondes, solides, inébranlables car c'est la garantie de la confiance : savoir où l'on est et où l'on va. Aujourd'hui l'un des problèmes de la France c'est que trop de générations veulent donner l'image de chênes en assénant des mots forts souvent criés d'ailleurs mais avec les "racines" du … roseau. Quand c'est le cas, la solidité ne peut pas être durablement au rendez-vous. Très inquiétant.
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