Denis Bonzy

La France malade de la mauvaise gestion de ses espaces

Claix école de musique 08 12 18

Avec les #GiletsJaunes, il est beaucoup question de la France périphérique. Ce n'est qu'un volet du problème. De façon plus générale, la France est aujourd'hui malade de la mauvaise gestion de ses espaces. 1) En quelques brèves années, elle a voulu faire naître de grandes métropoles européennes. Pour ces métropoles, c'est la course au toujours plus grand. Très souvent cette course passe d'ailleurs par d'abord répartir sur un grand nombre de contribuables extra-communaux les factures de la ville-centre. Prenons un exemple concret récent dans l'agglomération grenobloise. 12 millions d'euros HT pour une cathédrale pour le tennis dans la ville-centre mais 120 000 € pour un stade de football dans une Commune périphérique. La première digère l'investissement comme si "rien n'était" tandis que dans la seconde le sport le plus populaire donne le sentiment de mettre à l'épreuve les finances municipales pour plusieurs années. En moins de 20 km, l'inégalité financière totale saute aux yeux. Et les structures de décision des agglos dépendantes du poids politique de la ville-centre corrigent souvent très peu les inégalités financières de base, voire même les amplifient. 2) La faiblesse des services publics de proximité. Là encore un exemple pratique. Le Dauphiné consacre ce jour un article aux 25 ans de l'école de musique de Claix (420 élèves). A sa création (cf photo ci-dessus), c'est l'exemple réussi du service public de proximité mutualisé pour un bassin de vie. Mais aujourd'hui les agglos nient l'existence de bassins de vie de ce type. Tout doit être fondu dans une aire métropolitaine. Il y a ainsi la création artificielle d'une aide métropolitaine qui n'existe que dans les découpages administratifs. L'habitant de Claix ne vit pas avec celui de Domène.  3) La loi NOTRe est la consécration diabolique de ces tendances récentes. Elle a poussé le vice jusqu'à déconstruire ce qui fonctionnait bien. Et le tout dans une absence totale de concertation. Un pays qui est mal dans son espace ne peut pas bien fonctionner. Il faut d'abord remettre à plat l'organisation territoriale. Par le passé, d'Olivier Guichard à Alain Peyrefitte en passant par Jacques Delors (la démocratie à portée de la main) ou Michel Crozier, la question territoriale était au coeur des réformes majeures. Aujourd'hui, Bercy et les finances dominent tout et nient cet enjeu. Un facteur majeur dans les crises actuelles. 

Commentaires

Laisser un commentaire