L'existence semble faite de carrefours parfois discrets mais implacables. Tant sur le plan individuel que collectif. Les Etats-Unis sont en train d'en vivre un avec la disparition de McCain : la fin d'une génération de vétérans ayant connu des guerres meurtrières emblématiques. La France a connu cette même évolution. Plus tôt avec la disparition des combattants de la 39-45 ou de l'Algérie. Personne n'a succédé aux profils des Jacques Chaban Delmas, Marcel Bigeard, Pierre Messmer, Robert Galley, André Bord, Yvon Bourges … Avec les épreuves qu'ils avaient connues, ils faisaient du "rab", ce temps supplémentaire de vie qui leur donnait du recul face à la si douce vie quotidienne en temps de paix. Pour les Etats-Unis, depuis les années 50, le meilleur résumé de la vie politique américaine c'était la compétition entre John Wayne et Indiana Jones. 2 univers imaginaires très différents. Cette formule résume les deux profils capables de faire un Président américain loin des théories fumeuses. John Wayne correspond aux profils des Républicains si souvent à la recherche de l'homme des prairies qui ne brille pas par son intelligence mais par son bon sens accroché aux racines de sa vie. L'exemple : Ronald Reagan, la figure historique de cette sensibilité. Indiana Jones, c'est le candidat Démocrate plus jeune, avide d'aventures, la cool attitude, plus urbain, plus intellectuel, plus européen. L'exemple : Barack Obama. Avec la disparition de McCain, c'est la référence John Wayne qui disparaît. C'est un changement notoire. D'ailleurs Trump chez les Républicains en est l'opposé : produit de New York et non pas de l'Amérique intérieure. Produit des médias et non pas du terrain de guerres. Maintenant, dans les démocraties occidentales, le théâtre d'opérations semble être les plateaux TV. Ils ne vivent pas le terrain mais la fiction des images à délivrer. Matière à être inquiet. Une vraie page collective majeure se tourne dans la discrétion.
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