Denis Bonzy

La France a-t-elle les écologistes que la crise de l’environnement mérite ?

Chicago 06 12 17

Lundi et hier mardi, à Chicago, 55 villes ont signé la charte de Chicago sur le climat à l'occasion de la conférence annuelle de la coalition C40 (pour « 40 cities »). Des villes emblématiques comme Vancouver, New York, Washington, Mexico, Austin, Montréal qui s’engagent contre le réchauffement climatique. Cette réunion est tombée dans l'un des travers de l'écologie : d'abord être contre. Cette réunion est devenue d'abord une opération anti-Trump. Ainsi, le texte de cette Convention passe-t-il principalement contre la politique Trump à l'exemple du passage suivant : « la décision du président Trump de retirer les États-Unis de l’Accord de Paris a incité plus de 380 villes aux États-Unis, un grand nombre de villes ailleurs en Amérique du Nord et d’innombrables organisations internationales à s’engager envers cet Accord […] et ces engagements […] montrent aux citoyens d'ici et de l’étranger un leadership local fort ». A force d'être contre, l'écologie adopte des positions clivantes permanentes. Alors qu'elle devrait être pour avec des propositions positives, constructives. A l'origine en France, dans les années 70, l'écologie a pris naissance à partir d’auteurs se revendiquant d’une nouvelle «grille d’analyse». L’un de ces auteurs était Philippe de Saint-Marc qui dans les années 70 était le pionnier de l’écologie. Ancien Président de la Mission d’Aménagement de la Côte Aquitaine, Professeur du 1er cours sur la politique de l’Environnement à l’IEP de Paris, auteur d’ouvrages connaissant des succès considérables. Le retour aux concepts alors développés traduit l’immensité des échecs depuis cette date. Que développaient les écologistes à cette époque ? Leur analyse était simple : les critères traditionnels habituellement utilisés comme le PNB, le niveau de vie, la consommation d'énergie, la production industrielle ou agricole devaient être considérés comme des signes de l'activité et non pas comme des marques de satisfaction. A cette époque, être écologiste, c’est défendre l’idée que la société telle qu’elle fonctionne n’est pas une société de progrès mais une société de régression parce qu’elle porte en elle un gaspillage massif, intensif et croissant des richesses naturelles. Et les intéressés d'ouvrir des pistes nouvelles de politiques publiques. Et il suffit de relire les nombreux articles de Philippe de St Marc notamment dans Le Monde pour constater qu'il y avait une grille de lecture positive sur un "autre système" : de l'aménagement de l'espace à l'aménagement du temps, à la mise en place de marqueurs fiables par exemple pour le respect d'équilibres naturels traditionnels, pour le renforcement de sanctuaires naturels … D'ailleurs, cette culture positive a permis des avancées concrètes considérables : le droit de l'eau, les parcs naturels … Des pans entiers qui aujourd'hui sont souvent déconstruits parce que l'environnement devrait être un sujet de consensus et non pas en permanence une approche de "clivages enragés". Au moment où le réchauffement climatique frappe si sévèrement et peut-être de façon irréversible, c'est assez inquiétant que l'environnement n'ait pas les écologistes qu'il mérite. 

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