Il y a deux vues très différentes face à un événement : le vivre ou l'imaginer. Quand on l'imagine, c'est impossible de le connaitre pour de bon. Même les images fidèles ou une narration précise ne permettent pas de prendre conscience de tous les aspects. C'est d'ailleurs l'un des problèmes de fond de la vie publique française avec la professionnalisation des représentants : parler d'un sujet sans l'avoir vu de l'autre côté. Il y a 25 ans, le 23 septembre 1992, la France se "réveillait" avec les images dramatiques des inondations de Vaison la Romaine. Mais l'autre côté des images, sur le terrain, une inondation c'est très différent. C'est d'abord le bruit. Le bruit des pierres, des arbres portés par la force de l'eau qui s'entrechoquent. Un bruit considérable qui écrase tous les autres. C'est ensuite l'odeur de cette boue qui contamine toute l'atmosphère. Elle écoeure. Elle porte une poussière qui va changer le visuel de tout un paysage. C'est enfin le sentiment d'une puissance irresistible. De tels événements, j'ai connu de l'autre côté c'est à dire sur le terrain avec de nombreux épisodes de ce type dans des cadres professionnels ou électifs divers : Nîmes, Vaison la Romaine, Gresse, Malhivert, Cannes … : la lave torrentielle est une menace considérable. C'est un sujet très peu donc très mal traité avant un accident historique. Vaison la Romaine n'a véritablement traité la menace de l'Ouvèze qu'après le drame. Avec le réchauffement climatique et des épisodes orageux d'une particulière violence très sectorisée, il serait temps de regarder autrement cette menace. Des tornades créent des chocs très localisés dont les effets peuvent être considérables. Une situation qui mériterait d'être regardée avec davantage d'attention et de réalisme.
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