Quand nous avons lancé la collection Balades en Famille avec Béatrice Métenier, Lydia Menut et Eric Merlen (collection qui constituait à l'époque une novation importante), nous avons été confrontés à des réactions surprenantes : nous allions "livrer" la nature au grand nombre. Et les critiques découlaient de ce constat. Face aux critiques, nous avons continué et même, grâce à l'imagination de Béatrice, Lydia et Eric, nous avons multiplié les collections thématiques permettant de faire partager la nature au plus grand nombre : bivouacs, sommets sans corde … Pour que la nature soit bien défendue, il faut qu'elle soit complice et aimée par le plus grand nombre. Et non pas inaccessible pour le plus grand nombre. Or cette approche, c'est un choc culturel face à certaines traditions. Une mentalité très répandue est celle d'une conception élitiste de la nature. La nature aurait son aristocratie. dans ce cadre, il faut avoir une sorte de "sang bleu" fait de passion, de tradition et surtout de grande forme physique. Cet élitisme repose sur une approche ancienne selon laquelle "la nature se mérite". Il faut de l'effort, de la sélection. Et pour les tenants de cette approche, partager la nature au plus grand nombre, ce serait affaiblir la nature puisque sa fragilité deviendrait encore plus manifeste lorsque la nature est beaucoup fréquentée.
Les catalogues de produits portent cette mentalité : des corps d'athlètes. Tous plus musclés, énergiques les uns que les autres.
Avec sa dernière vidéo, Orvis, marque référente de l'outdoor, vient de casser ce code (cf vidéo ci-dessous). C'est un tournant important. Une personne âgée, handicapée peut aussi pêcher, s'amuser, être complice avec la nature parce que la nature se mérite d'abord par ceux qui l'aiment, qui la respectent et, face aux handicaps, cet amour doit être encore plus fort parce que le lien avec la nature est alors plus difficile, elle demande encore davantage d'efforts. Cette "mobilité" réduite peut être passagère (femmes enceintes ou jeunes mamans). Elle peut être permanente. Elle mérite d'être mieux considérée. Orvis vient de contribuer à effectuer ce grand pas. Bravo.
Une philosophie qui devrait inspirer davantage notamment les gestionnaires de parcs naturels pour aménager des parcours pour des personnes à mobilité réduite tout particulièrement. Un vaste chantier sur lequel la France a beaucoup de retard.
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