Denis Bonzy

On finit toujours par devenir ce qu’on est …

Base ball 06 09 17

A mes yeux, le plus beau texte de la rentrée : celui posté sur son blog par Fabrice Grinda à l'occasion du décès de son chien. Tout y est dans la qualité d'une relation privilégiée avec un animal (photo ci-dessous). Y compris les photos avec les regards mutuels qui ne trompent jamais. Au milieu des années 2 000, à l'occasion de la rédaction d'un prospectus d'introduction en bourse qui m'était confiée, j'avais eu l'occasion de rencontrer Fabrice Grinda. Il appartenait manifestement à la famille de ceux à qui une seule vie ne suffit pas. Il avait des expressions, des digressions qui le détachaient des profils classiques dans ce domaine. En effet, il y a des personnes qui traversent seules l'existence. Tout ce qui n'est pas elles ne les concerne pas. Une imperméabilité étonnante. Puis il y a des personnes qui acceptent d'autres vies. La vie d'animaux. La vie d'objets. Bien entendu en priorité la vie d'autres personnes. Dans la discussion, il y a alors l'expression d'une différence par l'attachement à l'Autre. Un attachement tel qu'il est respecté, aimé, compris. Il n'y a ni double ni fusion. Mais une familiarité particulière. Une autre vie existe alors aussi. C'est la caresse pour un chien, la façon de lui exprimer une recommandation par la douceur, d'accepter un refus de sa part. C'est le respect d'un objet. Ne pas le maltraiter comme s'il était irrémédiablement voué à l'oubli ou à la poubelle. Mais le voir comme s'il devait être respecté pour la séquence de vie partagée. Il ne s'agit pas de tomber dans une sorte de religiosité de l'Autre au point de transformer sa vie en musée ou en hôpital. C'est un équilibre qui dépend de chacun. Pour ma part, il m'a fallu de nombreuses années pour le trouver à l'exemple de la photo de cette balle de base ball qui symbolise des heures de jeux avec nos enfants. La perdre du regard serait une réelle tristesse. Un manque sérieux. Ce texte de Fabrice Grinda m'a conforté dans une conviction ancienne : on finit toujours par devenir ce qu'on est. C'est inquiétant pour certains. C'est rassurant pour d'autres. La seule inconnue c'est le calendrier. Avec ce texte, Fabrice Grinda a montré un visage peu connu mais qui devait apparaître un jour. Le calendrier a été court. Un animal, un objet portent cette "révélation". Fabrice Grinda appartient à la famille de ceux qui sont capables de ne pas se contenter d'une seule vie, la leur, mais qui ont à coeur de la partager avec d'autres qui enchantent les moments partagés comme avec son chien. Bravo pour son très beau texte.

Fabrice Grinda

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