Pour ouvrir une pensée à la liberté d'appréciation, peut-être que la lecture de 20 ouvrages fondamentaux pourrait suffire. L'un d'eux est à mon avis le livre de Julien Benda sur la "trahison des clercs". Sur le fond, de quoi s'agit-il ? Accepter que la fonction d'intellectuels (qualifié de "clercs") est d'ouvrir le chemin vers des réflexions de fond, avec des analyses non conformistes, totalement rebelles aux pensées uniques éphémères et dangereuses d'une époque. Oser poser les bonnes questions. Sur plusieurs sujets de fond comme actuellement la guerre de religions, n'assistons-nous pas à une terrible nouvelle trahison des clercs. Ou plutôt n'assistons-nous pas en France à la naissance d'une nouvelle génération qui tourne totalement le dos à cette nécessité ? Face aux évènements actuels les plus douloureux, quel fond sérieux après les postures ? Quelles mesures fortes une fois passés les mimétismes désormais classiques ? Ne vivons nous pas sous l'emprise de "clercs sonnants et trébuchants" courant les médias pour cachetonner en fonction de "banalités" qui ont déjà montré leur inefficacité ? Le plus grave, c'est que la proie n'est plus la part de vérité de ces intellectuels mais l'audience. Et l'audience est une redoutable mauvaise conseillère parce que le grand nombre réagit si souvent en fonction d'un décalage entre l'expression et la réelle pensée. Sur ce point, je crois beaucoup aux observations banales du quotidien. A deux ou trois reprises, je suis tombé sur une émission actuelle de TF1 sur des hôteliers qui se notent entre eux. Au moment du départ de l'hôtel, ils sont tous très sympas avec leurs hôtes du moment. Mais les notes tombent à l'opposé du sourire de façade. Le règne des déconvenues généralisées. Face au terrorisme, j'éprouve le même sentiment. Quelle chance de gagner une guerre pour celui ou pour celle qui refuse les contraintes de la guerre ? Aucune. Si nous sommes en guerre, il faudra un jour en accepter les contraintes jusqu'à la fin de cette guerre. Ne pas l'accepter, c'est accepter que la guerre dure encore et toujours et qu'à la fin elle soit … perdue. Et à ce moment là, la trahison des clercs sera sévèrement jugée mais ce sera trop tard. Une guerre n'a jamais été gagnée par le dépôt de fleurs.
Laisser un commentaire