Les Etats-Unis sont à la dérive. Les visages de la haine à Charlottesville samedi en sont une illustration parmi de nombreuses autres. Dans toute collectivité comme dans chaque être humain, il y a des états sombres et des états brillants. Le talent d'une gouvernance, privée comme publique, c'est de mettre en relief les états brillants et ne jamais allumer les états sombres. Avant Trump, un candidat a été confronté à ce choix sur le sujet de la question raciale : Barack Obama. En mars 2008, Barack Obama est en difficulté dans les sondages lors de la primaire. Le clan Clinton, prêt à tout pour gagner comme toujours, a mis en scène le profil du pasteur Jeremiah Wright. En pleine tempête, le 18 mars 2008, Barack Obama prononce un discours à Philadelphie sur les questions raciales. C'est un discours remarquable. Son introduction est magnifique : "Je suis le fils d'un noir du Kenya et d'une blanche du Kansas. J'ai été élevé par des grands-parents blancs qui me parlaient souvent de la Grande Dépression. Je suis allé dans des écoles parmi les meilleures des Etats-Unis mais j'ai aussi vécu dans un pays parmi les plus pauvres du monde (l'Indonésie). Je suis marié à une noire qui porte en elle du sang d'esclaves et du sang de propriétaires d'esclaves, un héritage que nous avons transmis à nos deux filles aimées. La question raciale est un sujet que notre pays ne peut ignorer … ". Et ensuite, Obama n'élude aucun sujet sérieux. De nombreuses phrases portent des messages forts. Le refus du spectacle, celui du feuilleton des tragédies qui alimente les audiences mais aiguise les peurs donc les haines… Obama parle de la vie quotidienne, de ceux qui rêvent comme de ceux qui crèvent de ne même plus pouvoir rêver … Ce jour là, en crise dans les sondages, Obama a été capable de montrer qu'il refuserait de flatter les états sombres pour gagner. Il avait montré qu'il avait les qualités d'un Chef d'Etat : avoir dompté ses propres états sombres pour franchir un seuil supérieur et donc avoir capacité à le faire pour autrui. Bref, le contraire de Trump que l'on sent si facilement ravagé par ses colères intérieures, par ses contradictions, par son arrogance personnelle sans fin. Les dérives d'un homme deviennent celles d'une partie d'une collectivité. Triste affaissement. Pour lire tout le discours d'Obama, cliquer sur le lien suivant : Barack Obama.
Laisser un commentaire