Il m'a fallu attendre le cadeau d'un livre l'été dernier par un ami pour trouver à ce point un auteur qui exprime aussi bien le lien affectif qui peut exister entre des personnes et un territoire. Parmi une multitude de très belles expressions, il a cette formule "je suis veuf d'Europe" (Paul Morand : Venises). C'est l'expression qui convient. Ce matin, dans l'Ain, pour un déplacement consistant à accompagner des amis lors d'une cérémonie religieuse pour cause de décès d'un proche parent, la redécouverte de beaux villages. Des villages comme on peut encore les découvrir dans les Landes, en Gironde, en Dordogne … Vous allez dans un commerce, les clients disent bonjour aux autres personnes présentes. Les commerçants incarnent la confiance rassurante. A la pharmacie, tout est simple. Une personne laisse sa carte dans l'attente de revenir parce qu'elle a d'autres courses à faire avant que la livraison de son médicament n'arrive. L'enterrement est très fréquenté parce qu'il y a tant de souvenirs partagés à honorer. Toutes ces personnes ne savent pas nécessairement ce qu'elles voudraient d'autre mais elles savent qu'elles ne veulent pas perdre ce cadre de vie là. Il y a un "esprit village" qui est une remarquable réussite. C'est cet esprit village qui est menacé en France actuellement. Pour deux causes essentielles : 1) dans les zones rurales, les villages sont désertés, abandonnés. 2) Dans les zones péri-urbaines, les villages sont inquiétés par le développement des villes en tâches d'huile et souvent par des élus qui n'ont pas d'attaches solides avec la Commune qu'ils sont supposés représenter. Dans ce cadre, il y a un test simple : savoir où un élu souhaite être enterré ? S'il ne choisit pas "sa" Commune, c'est qu'il a déjà avancé dans son esprit la faculté de zapper. Dans quelques décennies, le retour sur la période présente risque d'être sévère : une période qui a préféré finir que chercher à continuer ou à commencer positivement.
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