Denis Bonzy

Le vrai choc culturel posé par Trump : accepter qu’une dette puisse ne pas être que financière …

Bears Ears 16 05 17

Trump vient de réduire le pays qu'il annonçait vouloir grandir. Parce qu'il reste prisonnier d'une conception financiarisée de la notion de dette qui limite considérablement la réalité de la portée de toute action collective. En matière financière, la notion de dette, c'est reporter sur autrui une responsabilité non assumée immédiatement. C'est parfois justifié lorsque la nature d'un équipement le voue à durer dans le temps, donc à profiter à plusieurs générations. Cette durabilité d'usages justifie la durabilité du financement. Progressivement, dans le domaine public, la notion de dette est devenue celle d'un puits sans fond. Conception qui annonce des réveils difficiles. Mais il y a de nombreuses autres dettes qui n'ont pas de valeur financière stricte mais dont l'importance va dépasser considérablement des volets financiers. Il y a aujourd'hui par exemple une dette éducative qui se creuse : le temps éphémère immédiat tue la mémoire, l'Histoire, le sens des racines dans tous les domaines y compris culturels dont la richesse de l'apprentissage par des auteurs fondamentaux. Il y a une dette environnementale : dans quel état une génération lègue la planète aux générations futures ? C'est l'enjeu du choc de Trump : son insensibilité exposée, assumée aux valeurs qui ne sont pas financiarisables. C'est le contre-sens culturel majeur de sa gouvernance. Bush avait oublié la dimension morale avec la guerre du Golfe : prétextes mensongers pour une aventure guerrière dramatique dans la durée. Obama a corrigé cette faute. Il ne peut pas y avoir de leadership sans valeur morale. Des valeurs qui dépassent le seul volet financier pour donner une sens collectif partagé. La réalité de la puissance d'un Etat comme d'une collectivité ne peut se réduire à sa puissance financière ou militaire. Il faut une dimension morale. Cette dimension morale aujourd'hui prend de nombreux visages : la diversité des droits, le respect des libertés, le respect de l'environnement pour ne pas créer une dette insurmontable pour les générations futures. Ne pas ajouter d'autres espèces à celle des espèces animales déjà perdues. Ne pas ajouter d'autres espaces naturels à la liste de ceux perdus à jamais. Trump vient en effet de réduire le pays qu'il voulait grandir. Il est en train de s'inscrire sur la liste des présidents honteux dans le temps : Nixon, Bush Jr … Surprenant à ce point.

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