Qu'est ce qui a caractérisé les 30 dernières années en France : la disparition progressive de l'acceptation de contre-pouvoirs. Sur le plan local, la décentralisation n'a pas seulement été l'affirmation des Collectivités locales. Elle a surtout été l'effacement des pouvoirs locaux de l'Etat : de la chute de l'autorité préfectorale à la disparition pure et simple des antennes de proximité d'administrations d'Etat dont la caricature est la disparition des subdivisions de la DDE (Equipement). Chaque collectivité départementale ou régionale a doublonné les administrations d'Etat (Santé, social …). A de rares exceptions près, les divers médias locaux ont dû compter progressivement avec de nouveaux annonceurs publicitaires que sont les Collectivités Locales. Les expressions des milieux patronaux ou syndicaux ont dû compter avec les nouveaux donneurs d'ordres de marchés publics ou employeurs que sont les Collectivités Locales. Les contre-pouvoirs réels ont disparu des échelons locaux en France à l'exception du Judiciaire mais encore faut-il qu'il y ait contentieux donc saisine du Judiciaire.
Même évolution sur le plan national vis à vis de l'exécutif. Les parlementaires sont des godillots à droite comme à gauche, dépendants d'investitures de partis politiques pour continuer leurs carrières. La presse est fragilisée par des aides publiques multiples. Et un examen des périmètres d'actionnariats pose objectivement des questions sérieuses et graves. L'exécutif a toujours un lien direct avec le Parquet en matière judiciaire au sein d'un ministère de la Justice qui est un "ministère comme les autres" sans garantie particulière d'indépendance. La "Cour Suprême" qu'est le Conseil Constitutionnel est la "maison de retraite" de politiques en fin de carrière. La commande publique de l'Etat est très influente. Là encore, il ne reste que l'autorité judiciaire et encore, à ce niveau, ne faut-il pas sous-estimer certains volets dont les nominations à venir pour des carrières "attractives". Progressivement, l'exécutif est confronté à très peu de réels contre-pouvoirs. Il y aura un moment où devra être traitée avec sérieux la question simple suivante : comment baptiser un régime politique qui ne reconnait pas les contre-pouvoirs ? La réponse sérieuse risque d'être très inquiétante pour l'état de la démocratie en France. Une réalité que l'affaire Michael Flynn vient de rappeler.
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