L'actuelle crise profonde en France répond à deux décrochages de fond. D'une part, dans une période où l'argent est roi partout, il reste le diable dans la vie publique. La vie publique en France culturellement c'est le désintérêt matériel, une forme d'ascétisme qui serait le bouclier face aux multiples tentations matérielles. Dès que l'argent prend de la place dans la vie publique française, la crise profonde est là, immédiate, violente, brutale, irrationnelle. D'autre part, cette crise est d'autant plus là quand le vide remplit tout le reste. Car le reste est vide. La France semble dépourvue de rêve accessible. Elle n'a plus de rôle décisif dans un projet international moteur. Sur le plan intérieur, tout le monde s'est fait à l'idée que les belles années, c'était pour … hier. Quand vous voyagez ou quand vous rencontrez des personnes qui rentrent d'un voyage à l'étranger qu'éprouvez vous et que disent-elles : "j'ai retrouvé de l'énergie en voyant des personnes qui ne tiraient pas la tête". Voilà la réalité. Sur le fond, cette réalité repose d'abord sur une souffrance financière forte, probablement historique en France. Il y a près de 10 millions de personnes qui sont en souffrance financière considérable et vis à vis desquelles chaque personne sérieuse est réellement en droit de se demander comment elles font pour vivre. 10 millions de personnes qui ont mal chaque jour pour boucler la journée, pour passer à côté de tentations multiples, c'est énorme. Et il y a plus de 10 millions de personnes qui ont peur d'avoir mal car elles se sentent précaires ou en voie de déclassement. Ce n'est pas possible de vivre une "démocratie apaisée" avec 20 millions de personnes qui ont peur ou qui ont peur d'avoir mal demain. Les sommes actuellement agitées sur de l'argent public sont des chiffons rouges. Et les articles en question sont lus dans le détail. Des personnes citent le prix des montres d'un ex Premier Ministre, le montant d'une propriété qu'ils estiment mal valorisée … C'est une déchirure inédite à ce point.
Laisser un commentaire