Une campagne électorale, c'est quoi ? Une compétition ! Il faut donc respecter l'esprit de compétition. Et une compétition juste c'est quoi : d'abord le traitement égal de tous les candidats. Lors d'un jury pour étudiants, comment serait considéré un jury qui consacrerait 45 minutes à questionner un candidat et 10 minutes pour "s'occuper" d'un autre ? Dans un appel à concurrence pour un marché, idem. Progressivement des règles fondamentales se sont imposées : la compétition n'est juste qu'à la condition d'un traitement égal entre les candidats. Concrètement les candidats sont placés à égalité sur les mêmes questions. Pourquoi la politique échapperait-elle à ces règles ? En France, elle y échappe dans l'exposition positive. Il y a les candidats que l'on expose et ceux que l'on ignore. Pourquoi ? Sur la base de quels critères ? Et c'est encore pire dans l'exposition négative. Il y a ceux qui passent sous le coup des investigations et ceux à qui les mêmes questions ne seront jamais posées. Dans ces conditions, la compétition est totalement faussée. C'est ce que l'on vit actuellement avec l'investigation sur la fortune d'un candidat. Ses explications sont faibles. Quasi-hors sol. Mais tous les autres candidats doivent être questionnés sur le même sujet. C'est comme le traitement des affaires en France avec cette culture permanente de la "foudre qui ne s'abat que sur une personne". Périodiquement, le pays pense se refaire une morale en lapidant un accusé. Mais avec cette méthode, le sujet de fond n'est jamais traité. Les "promotions canapés" ou le harcèlement sexuel n'ont pas disparu en politique avec DSK. Les emplois fictifs en politique ne disparaîtront pas avec Fillon comme ils ne sont pas nés avec Fillon. Ce qui est grave dans de telles circonstances, c'est l'émergence de deux faits nouveaux. D'une part, la confusion entre la citoyenneté et les fans zones. Le vrai gardien de la démocratie c'est le citoyen et pas les candidats. Or si le citoyen garde le candidat et pas la démocratie, cette dernière est en perdition. D'autre part, il n'est plus possible de s'enraciner dans la crise permanente. Tout le système de la Vème République est en faillite comme organisation politique, ce sont donc d'abord les règles qui doivent être réformées, entièrement changées dont la mise en place de véritables contre-pouvoirs permanents. Il n'est pas possible d'être performant dans ce climat de crises généralisées. C'est stérile et surtout inefficace. En France, la crise est partout. Elle a tout envahi. C'est lassant.
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