Chacun doit vivre sa vie à sa façon. C'est la plus belle des libertés. Pour moi, la vie, c'est d'abord des couleurs vives. Avec des engagements forts. Des engagements professionnels. Mais aussi parfois des engagements civiques. Les engagements professionnels ont une contrainte particulière : souvent rencontrer les mêmes. Les engagements civiques ont une conséquence formidable : rencontrer dans la diversité la plus totale. Et cette diversité offre presque toujours des rencontres superbes. Certaines d'entre elles le sont encore plus avec une alchimie imprévisible. Ce fut le cas pour moi avec Jacques Menut qui a disparu il y a 14 ans ce 14 décembre 2016.
Pendant des années, nous avons fait des campagnes électorales ensemble. La première fut une élection cantonale. La gauche était alors conquérante, très sûre d'elle et non pas honteuse comme actuellement. J'avais choisi un canton supposé imprenable pour ma sensibilité puisque ce canton était communiste depuis la Libération. Supposé bastion rouge à jamais. Refusant alors la géographie de Meylan qui m'était proposée mais dont je n'appréciais pas le "climat de bourgeois coincés". Nous nous sommes engagés dans un canton populaire : Vif. Avec des quartiers dits difficiles : Iles de Mars, Villancourt, Tritons Hérons …Toujours être indépendant. Vivre sous ses propres couleurs et faire ce que l'on aime. La campagne a été rude. Très rude. Musclée. Sportive. 12 500 foyers visités en porte à porte. Un à un. Nous étions loin de l'actuelle génération des selfies qui considère qu'une photo en groupe restreint de proches vaut … l'action. Et plusieurs mois plus tard, était là une victoire inattendue, imprévisible, supposée inatteignable. Chacun de ces jours, Jacques Menut infatigable. Jamais démoralisé. Même si à la fin de la campagne, il ne supportait plus les montées d'escaliers, même en peinture.
Que d'amusements lors de rencontres. Les belles campagne sont toujours joyeuses même si elles se soldent par une défaite. L'essentiel, c'est de défendre ses valeurs avec plaisir. La victoire vient en plus ou pas. En cas de défaite, si on est capable de vivre par un vrai métier, on replonge vite dans son activité professionnelle et la campagne électorale reste une belle aventure.
Mais avec M. Menut, ce fut aussi la découverte d'une famille avec qui, pour ses deux filles Lydia et Marie-Christine, j'ai gardé une amitié solide. Et je n'ai jamais utilisé le mot "ami" en le galvaudant. Nous avons professionnellement travaillé de nombreuses années ensemble à ma plus grande satisfaction.
Au hasard de circonstances, Jacques Menut est toujours là. Quand je rachète pour la énième fois ma traditionnelle paire de chaussures toujours du même modèle, je m'amuse en pensant aux derniers jours de campagne où il me faisait lever les pieds pour montrer combien la semelle était usée jusqu'à la ficelle. La vendeuse ou le vendeur doit se demander pourquoi d'un coup leur client se met à rire sans chercher à le contenir. Toujours présent. Parfois, c'est par tristesse quand je repasse au hasard d'un jogging devant des réalisations municipales constatant les trous dans le mur de panneaux enlevés par des successeurs au sectarisme obscurantiste. En politique comme dans tant d'autres domaines, l'amertume et la jalousie hyper-développées conduisent toujours à des attitudes référentes de bêtise… Mais aussi quand je vais me recueillir sur la tombe de mes parents, je ne manque jamais une prière pour lui qui repose désormais à 30 mètres de mes parents. Si un souci a été causé par le vent ou autre, je le signale à Lydia.
Aujourd'hui, comme chaque année, en ce jour, une pensée particulière. Une reconnaissance permanente et le beau souvenir de moments merveilleux. Toujours présent ! Merci.
Laisser un commentaire