Le débat actuel sur les localisations de migrants est d'une irréalité caricaturale. D'abord, pendant des mois, il a été question de familles. Et là d'un coup, il n'est plus question que d'hommes. Où sont passés les femmes et les enfants ? Ou étaient-ils marginaux dès le départ ? Incohérence jamais évoquée. Question jamais posée donc réponse jamais donnée.
Puis la mode médiatique est à la célébration des bons accueils. Malheur à ceux qui n'exposent pas leur coeur en bandoulière. Qui peut souhaiter la misère d'autrui ? Personne. Mais à cette empathie si démagogique, pourquoi ne pas poser la question sérieuse des personnes dont l'empathie du moment laisse aussi sur le bord de la route ? N'y a-t-il en France aucune misère en dehors de celle des migrants ou des réfugiés ? Si d'autres misères existent, à quel titre deviendraient-elles secondaires dans l'effort financier collectif et dans la mobilisation générale ? Quels critères pour hiérarchiser ? Qui a décidé de l'ordre des critères ? A partir de quels débats ? Quand l'opinion a été informée de ces critères et des raisons d'une sélection ?
Dans de telles circonstances, il n'est plus question d'empathie c'est à dire de capacité à ressentir la détresse d'autrui mais d'une opération démagogique irresponsable. Il y a tant de détresses moins spectaculaires mais au moins aussi graves.
L'actuelle opération médiatico-politique est véritablement d'une irresponsabilité scandaleuse. Il n'y a pas de sécheresse de coeur à l'indiquer. Mais céder ainsi à ce "concert de pleureuses" qui choisissent les détresses à traiter et celles parfois tellement plus anciennes à ignorer est d'une démagogie inqualifiable.
Dans le livre sur les lettres de Mitterrand à Anne Pingeot, il y a un passage que la presse a peu relevé sur le "verbalisme ésotérique de cette espèce politique … " en parlant de la gauche française. "Si vous n'employez pas leurs formules, la famille socialiste fronce le sourcil et vous considère soit avec méfiance soit avec dédain …Je me désole de tant d'élans sincères vers la justice rongés par l'acide du sectarisme verbal ..." La lettre du 9 février 1964 est d'une actualité féroce pour la période actuelle.
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