Deux faits sont actuellement trop souvent oubliés ou sous-estimés. D'une part, la défiance (pour le pas dire le dégoût) vis à vis du "système" est désormais telle que ce qui est présenté comme réel compte moins que ce que l'on croit réel. On n'attend plus "la vérité officielle annoncée" mais la défense de ce que l'on croit vrai, ce qui est une différence considérable. D'autre part, en démocratie, l'opinion a toujours raison. Dès qu'un pouvoir se fait à l'impopularité donc à ne plus être d'accord avec l'opinion, c'est la reconnaissance du divorce donc de l'échec cinglant.
Toute la qualité de ceux qui dirigent doit être appréciée à leur capacité à garder cette "harmonie" avec l'opinion. Ce qui demande des efforts des deux côtés. Regardons actuellement le Canada et sa "lune de miel" avec Justin Trudeau. Quand une démocratie fonctionne de façon pacifiée, quelle beauté ! Quand un leader élu trouve les mots, les gestes pour canaliser une énergie collective positive, quel temps radieux.
La France est à l'opposé d'une telle "météo".
Pire, à circonstances constantes, la France avance vers un séisme considérable par le cumul de 4 facteurs :
- une partie croissante de l'opinion publique française ne croit plus au "système" donc le "système" ne peut plus jouer son rôle de régulateur : des médias en crise, des corps intermédiaires discrédités, des élus désavoués …
- les caisses sont vides de tous les côtés (Etat + Collectivités locales) : donc l'Etat n'a plus les moyens "d'acheter" une paix intérieure (aides, allocations diverses, recrutements …)
- il lui est demandé aujourd'hui de traiter dans l'urgence des sujets qu'il n'a jamais su ou voulu traiter depuis 30 ans (religions, quartiers hors de l'Etat de droit, niveau de la dépense publique, économie qui achète l'exclusion par la couverture chômage plutôt que le travail par le mérite… ) : le bon sens impose une question simple : pourquoi et comment l'Etat pourrait résoudre aujourd'hui des problèmes qu'il a portés pendant 30 ans en tolérant une aggravation de chacun d'eux année par année d'inaction ?
- et le tout au moment où il y a "le feu à la maison" : car sur chacun de ces sujets, il y a sérieusement le "feu à la maison". Les "incompatibilités d'humeurs" sont manifestes. Les records de dépenses publiques sont toujours battus. Le chômage ne connait pas de baisse significative structurelle sérieuse…
Je ne vois pas dans le discours des actuels candidats pour 2017 l'électrochoc qui puisse, dans de telles circonstances très particulières, susciter la rupture pour ouvrir un rebond. Ce constat signifie que très probablement chaque sujet va encore s'aggraver. Pour entendre avec attention autour de moi ce qui se dit de la part de personnes traditionnellement modérées, la prochaine étape devient désormais totalement imprévisible.
Les candidats des Républicains comme du PS devraient considérer que la bataille de fond actuelle n'est pas la collecte des signatures pour participer à la primaire mais la tenue de ce discours de fond de vraie rupture qui devrait susciter tout naturellement … la mobilisation des signatures pour participer à la primaire …
SVP donnez nous envie de participer. Parce que c'est toujours plus agréable de participer dans une démocratie. Mais surtout parce que les actuelles mobilisations annoncent des chocs très redoutables si le grand nombre reste à l'écart.
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