Les historiens indiquent que l'Italie a inventé l'art quand la France inventait la pensée. Depuis quelques années, la France "invente la pensée" avec des concepts pour le moins fumeux :
- la "réduction dans la hausse du chômage" : formule supposée montrer que la hausse baisse dans sa progression immédiate,
- la "sauvegarde des services publics" pour indiquer la baisse des services publics : en l'espèce la formule consiste à indiquer que tous les services publics ne sont pas supprimés. Donc les ultimes "sauvés des eaux" deviennent les outils d'expression du "sauvetage de tous",
- "ils ont gagné la finale en se réconciliant avec le public" : en la matière, l'idée est différente. Il s'agit de découper en tranches les enjeux pour montrer que l'enjeu réel (la victoire pure et simple) peut être contrebalancé par d'autres volets. Bref comment gagner dans la … défaite,
- …
Et la liste pourrait être longue d'exemples de ce type.
A la liste s'ajoute désormais le concept de "guerre en paix" : être attaqué sur son sol mais vivre comme si on était en paix. Il y a progressivement une expression qui s'installe "ils ne vont pas gagner en cassant nos habitudes de temps de paix". Le plus sûr moyen de gagner ni l'une (la guerre) ni l'autre (la paix). Et d'ailleurs une expression qui ne résiste pas à la réalité des faits. En novembre, les parisiens déclaraient "vouloir continuer à vivre sur les terrasses des cafés". Résultat : – 50 % des fréquentations dans les semaines qui suivent.
Il reste encore plein d'hypothèses de formules à explorer à l'exemple des suivantes :
- "être mort en bonne santé" qui pourrait permettre d'indiquer que tout va bien sauf une maladie qui conduit à la mort,
- "l'environnement est pollué parce que trop pur" : cette hypothèse vise le déséquilibre des marqueurs techniques. L'idée en la matière c'est que les marqueurs techniques ont tellement progressé qu'ils alertent désormais sur un environnement plus pur que celui d'hier quand les marqueurs n'existaient pas,
- …
Un trait commun entre toutes ces formules : fuir devant la réalité des faits. Combien faudra-t-il de morts encore pour que l'illusion des mots cesse ? Comment penser que des actions efficaces peuvent être engagées quand le diagnostic n'est même pas assuré sur la réalité des faits contre lesquels il faut agir ?
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