Ce qui me surprend le plus depuis quelques années dans la comparaison entre les Etats-Unis et la France lors des élections, c'est l'inversion du militantisme. Pendant des décennies, les français se moquaient de la faible participation des américains. Maintenant les tendances sont inversées. Un exemple concret. MoveOn.org compte 8 millions d'adhérents actifs. La France aurait un équivalent si une association d'engagements civiques comptait 1 660 000 adhérents ! Cette association n'existe pas en France. Bien davantage, ce chiffre c'est le double du cumul des militants de toutes les formations politiques françaises (toutes sans exception du PCF aux Républicains !).
La différence par le nombre est considérable. Prenons l'exemple de la dernière présidentielle. La venue de Barack Obama au Faneuil Hall de Boston, c'est tout un quartier inondé de monde comme dans d'autres villes à l'exemple ci-dessous du Colorado. Impensable en France actuellement.
La crise du nombre existe désormais en France. Mais aussi au-delà ?
Car militer c'est faire quoi ? Militer c'est s'engager pour convaincre. Convaincre pour faire bouger les choses. C'est l'un des plus beaux moteurs dans une relation collective. Pour convaincre, il faut aller à la rencontre des autres, des indécis, des opposants.
C'est devenu très rare en France. Le porte à porte est délicat avec le climat d'insécurité qui conduit à beaucoup de prudence dans des quartiers de plus en plus nombreux. Les distributions sur les marchés sont moins fréquentes car les marchés sont de moins en moins nombreux. Les appels téléphoniques tombent souvent dans le vide. Et ils viennent d'être strictement réglementés. La publicité politique est interdite en France à la TV. Les 4m x 3m publicitaires disparaissent au titre de la qualité visuelle. Les routages de mails se heurtent souvent à des demandes immédiates de désinscriptions…. Quand on dresse la liste complète de ce qui est interdit ou impossible, il reste quoi en France pour faire vivre l'engagement ? Pas grand chose !
Dans ces circonstances, le militantisme en France semble se limiter à cliquer sur Facebook ou faire des selfies le temps d'une manifestation. Une approche qui aura du mal à convaincre les indécis …
On est loin de l'ambiance des campagnes américaines : forte participation aux réunions avec des files d'attente, bénévoles pour téléphoner et pour faire du porte à porte, routages ciblés à partir de fichiers renseignés en vente libre, publicités commerciales autorisées … bref, tout ce qui est nécessaire pour que le militantisme naisse et vive.
A force de tout vouloir interdire ou réglementer, la France n'a-t-elle pas tué le militantisme ?
Ce qui est sûr c'est que désormais les américains peuvent renvoyer les moqueries aux français. Ces derniers sont largement distancés dans les actes de militantisme.
Pour mieux connaître MoveOn.org, cliquer sur le lien ci-dessous :
https://gumroad.com/js/gumroad.js
Laisser un commentaire