Denis Bonzy

Les faux habits de l’économie dite collaborative

Snapchat CEO

En septembre 2016, 30 ans de relations de formations avec des étudiants. Pour l'étudiant, en principe, le moment clef d'apprentissage c'est le cours. Pour l'enseignant, le moment clef d'apprentissage c'est l'inter-cours : 10 minutes pour mieux connaître, dialoguer, apprendre à son tour. 

Dans la période présente, un enseignement clef principal : les faux habits de l'économie dite collaborative. Dans l'économie dite collaborative, tout est à l'opposé des apparences et des affirmations officielles.

En jeans, T-shirts, baskets … : cette génération semble intéressée par les projets fous (changer le monde) loin des codes matériels des anciennes générations qui voulaient vite ressembler à leurs aînés (costumes, cravates …). En réalité, c'est la génération la plus fric qui arrive sur le marché depuis 3 décennies. Elle vit pour le matériel et pour le compte en banque. Et tout de suite pas dans 20 ans comme les "anciens". Elle donne le sentiment de rêver aux nouvelles relations du "village planétaire" mais en réalité c'est au nombre de de zéros sur le compte en banque et le plus vite possible.

Autre exemple, le crowdfunding : l'image  de la collecte de fonds par ce biais : l'actionnariat populaire. Financer "c'est cool, accessible à chacun par des petites sommes" … La réalité : cette forme dite collaborative de financement est surtout utilisée par des personnes de formation supérieure avec des revenus substantiels.

De même pour les services de l'économie collaborative. L'image : le ponctuel permet à chacun de profiter de nouveaux services : louer un bel appartement pour une nuit … Ce sont les plus hauts revenus qui font appel de façon répétée aux services de l'économie collaborative. Aux Etats-Unis, les ménages qui gagnent plus de 100 000 dollars par an ont utilisé l'économie dite collaborative trois fois plus que les ménages qui gagnent moins de 30 000 dollars par an !

Une étude publiée dernièrement remet en cause tous les clichés traditionnels sur l'économie dite collaborative. C'est à la fois rassurant et inquiétant.

Rassurant pour l'économie collaborative car plus ses cibles ont des moyens financiers élevés, plus elle est vouée à réussir avec des services diversifiés et des marges agréables.

Mais c'est aussi inquiétant pour le contre-sens culturel collectif actuellement accepté, banalisé. L'isolement numérique s'aggrave et les fractures réelles s'installent. Ce n'est pas une avancée collective quand la modernité revient aux bases des défis de l'alphabétisation plusieurs décennies avant : ne pas éviter une rupture forte par des conditions de classes sociales.

Cette génération en France va entièrement changer la donne politique en modifiant le rapport aux données financières, avec un individualisme plus assumé et une attente d'accélération des actes sans considération de doctrine. Une mutation de fond avec par ailleurs l'implication croissante des femmes dans ce domaine.

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