Denis Bonzy

Gouverner est-ce se dissoudre ?

Bush senior

Aux Etats-Unis, les campagnes négatives sont bien plus féroces qu'en France. Et dans ce cadre, ce sont les images qui impactent davantage que les mots. En 1992, lors d'un séjour aux Etats-Unis, j'avais pris connaissance d'un magazine qui avait réalisé un bilan féroce du "père Bush". 14 pages pour énoncer les 1 000 raisons de ne plus voter Bush senior. Les raisons sont numérotées, une à une. Et les raisons consistent à montrer que Bush senior n'a pas respecté ses engagements. Et page après page, Bush senior efface son portrait avec la gomme de son crayon. C'est implacable. A la fin, Bush senior s'est gommé. Il ne reste plus rien de visible, de réellement perceptible. J'ai mis de côté ce magazine dont est extraite la photo ci-dessus. C'était l'une des présentations les plus implacables de l'échec d'un bilan.

Et si gouverner c'était se dissoudre, se gommer ?

Que reste-t-il à la fin d'une semaine ? A la fin d'un mois ? Donc pire, à la fin de plusieurs années ? Une immense confusion. Hier, avec le bilan des 4 ans de Hollande, qu'ont mis en relief les médias en dehors des échecs et de l'impopularité ?

C'est cette confusion qui fragilise la gouvernance publique et qui valorise la gouvernance privée. La première devient aléatoire, contradictoire, éphémère. La seconde se charge d'efficacité, de durée, de clarté. C'est presque l'inversion des appréciations d'antan.

C'est ce qui assèche la gouvernance publique de ses jeunes talents. Patagonia, Tompkins … ne font-ils pas davantage pour le climat que l'accord de papier de la COP21 aux effets pratiques toujours incertains ? 

Tant que cette question demeurera, la vie publique traversera une période très difficile à tous égards : profils des candidats, taux de votation, taux de participation civique entre deux scrutins … Parce que le centre d'utilité s'est transféré.

 

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