Hier, avec la photo ci-dessus, Associated Press a reçu un prix Pulitzer. La récompense pour une remarquable enquête conduite en Asie sur des travailleurs esclaves dont les crevettes finissent dans des assiettes occidentales. Chaque année, je parcours avec beaucoup d'estime les photos en compétition. C'est souvent une escalade de violences, de cris, de larmes, de déchirures … Là, c'est l'opposé. La photo de la résignation : la fatalité d'une vie d'esclave en pays de paix et en pleine modernité. Et la victime travaille pour fournir un temps de plaisir (la table) aux consommateurs en fin de chaîne. Un travail qui ne figure sur aucune étiquette …
Le calme de la soumission de la victime ajoute une violence terrible faite par les consommateurs en bout de chaîne. Combien de temps encore l'acceptation de ne pas connaître la vraie traçabilité autorisera-t-elle de telles situations comme pour les animaux dans les abattoirs ? Une réalité incroyable et désespérante à la fois. Une belle cause portée par des journalistes bien loin des anecdotes futiles qui font trop souvent la triste banalité de l'actualité française.
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