Contrairement à de nombreux commentaires sévères sur le mouvement Nuit Debout, j'ai toujours beaucoup de tendresse pour celles et pour ceux qui s'engagent dans de telles opérations. D'abord, tout ce qui témoigne de l'engagement est sain, positif, dynamique. Il est possible de ne pas être d'accord mais rien n'est pire que l'abandon, la résignation, la haine sourde rentrée qui voue aux pires réflexes. Or s'engager, c'est d'abord ne pas abandonner. Ensuite, la citoyenneté c'est la fête de l'égalité. Et il faut des domaines où l'égalité règne. Cette victoire de l'égalité c'est la preuve de la considération accordée à chaque être humain loin des barrières culturelles, loin des classements matériels. Ce progrès de la citoyenneté, c'est l'une des plus belles conquêtes de notre civilisation occidentale sans considération de religion, de sexe, d'origines. C'est le plus beau progrès conquis après des siècles de souffrances, de luttes, d'injustices.
Mais surtout, des mouvements de ce type sont l'affirmation d'une qualité essentielle : ne plus vouloir ce dont on n'a plus envie. Ce combat c'est la plus belle affirmation de soi.
Je suis souvent surpris quand je constate dans de telles circonstances les reproches effectués.
Il faudrait interdire parce qu'il y aurait de la violence. Interdit-on le football où règne si souvent une violence considérable ?
Chaque fois qu'il y a quelque chose de neuf, il faut interdire ce que des usages acceptent pourtant par ailleurs. C'est un réflexe français appliqué dans tous les domaines. En matière économique, le dernier exemple a été le paiement par Internet. Des tricheries vouaient certains à demander l'interdiction de payer par Internet. Mais a-t-on interdit les billets sous prétexte de la fausse monnaie ? A-t-on retiré les chèques au motif des chèques en bois ? Non. Et la liste pourrait être longue.
Pourquoi demander à ce qui est neuf ce qui n'est pas respecté par des usages anciens ?
Pourquoi condamner tout de suite à prendre fin ?
Il faut attendre. Laisser une chance. Pourquoi faudrait-il considérer que demain doit nécessairement être pire qu'aujourd'hui ? Pourquoi faudrait-il avoir une cravate et un cursus pour pouvoir s'exprimer ? Jusqu'où sera-t-il possible d'exclure en pensant que les exclus n'ont que vocation à accepter ?
Dire non, c'est parfois le plus beau oui pour autre chose.
Actuellement, le pays de la citoyenneté ne s'honore pas à condamner aussi rapidement un Mouvement qui mérite l'écoute, le respect et l'attention. Attendons au moins la communication des propositions.
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