Denis Bonzy

Donald Trump ou la colère des abeilles

Trump 24 02 16

Je suis souvent très surpris par la volonté des médias français de considérer la politique américaine pour un immense folklore sans lien avec la France. En 2007, Obama était présenté par ces médias comme "celui qui faisait un tour de chauffe pour 2012". Il a été élu dès … 2008. Quant à Trump, la présentation a longtemps été, voire même encore, celle du "fou gesticulant" sur les tribunes. En juin 2015, les médias français prévoyaient le choc Clinton / Bush. Bush s'est retiré depuis …

A quoi tient le succès de Trump ? C'est la colère des abeilles. Les sociétés modernes sont structurées autour de 5 groupes :

1) « les hussards de la modernité » : leur mentalité est celle de la modernité, de la technologie, de la liberté individuelle. L’Etat est une contrainte. La communication est un outil efficace. C’est par l’économie que l’humanité avancera. Face à la modernité, ils sont prêts à l’affronter et se sentent une âme de gagnant.

2) « Les abeilles » : la modernité ne les attire pas mais les membres de ce groupe ont le sentiment qu’ils parviendront quand même à « tirer leur épingle du jeu ». Ils acceptent l’évolution mais cherchent à en modérer certains impacts qu’ils jugent nocifs. Les membres de ce groupe travaillent. Se lèvent tôt le matin. S'occupent de leur famille. Ils sont "sans histoire" et "font tourner la boutique" : payent des impôts, respectent les lois … En 2010, le Tea Party parlait des


"héros du quotidien". En France, c'est le profil de la majorité dite silencieuse.

Trump 15 02 16

3) « Les nostalgiques » : la modernité est supportable si elle s’accompagne d’un retour à certaines anciennes valeurs : ordre, respect de la famille, respect des Nations…

4) « Les hors jeux sociaux » : ils refusent les nouvelles règles. Pour eux, la modernité c’est la décadence et la destruction de l’être humain. La modernité est porteuse de menaces et de peurs généralisées. Il n’est pas question d’harmonisation mais d’uniformisation contre nature et contre culture. L’économie les agresse parce qu’elle oublierait systématiquement l’homme.

5) « Les héritiers des acquis » : ils pensent que les ajustements sont nécessairement douloureux donc il faut les différer. Il faut demander des « sacrifices » à d’autres qui sont nécessairement mieux lotis qu’eux. C’est la mentalité des remparts. Toute remise en cause des acquis est injuste, injustifiée et nécessite une réaction de solidarité tribale.

Par pays, ce qui change, c'est le poids de chaque groupe. Mais ces tendances structurent partout les opinions.

Comme le Tea Party annonciateur de Trump, Donald Trump c'est d'abord la manifestation que les abeilles en ont marre. Elles ne supportent plus de travailler pour "nourrir" autant d'incapables qui ne connaissent pas leur vie (l'establishment politique), une immigration qui ne les respecte pas …

Trump 09 02 16

C'est simple, basique, peut-être très éloigné des "grandes constructions intellectuelles" qu'aiment les français. Mais c'est concret. Et les "abeilles" se déplacent pour voter. Dans le Nevada, la participation 2016 a été le double de celle de 2012. 

C'est un climat qui mériterait davantage d'attention en France parce que pas sûr que les "abeilles" en France soient très éloignées de la même colère … 

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