Denis Bonzy

Quand chaque saison est l’hiver le plus rude

Holocaust Washington

Le décès de Simone Lagrange, déportée à Auschwitz, suscite une réelle et forte émotion collective naturelle. Pour l'avoir rencontrée à plusieurs reprises, dont à l'occasion d'une très émouvante cérémonie au Gua pour la reconnaissance d'une famille de Justes, elle appartient au groupe des personnes inoubliables.

Dans mon enfance, la déportation a d'abord été le domaine du silence. Ne jamais évoquer ce temps qui pourrait faire fondre en larmes mon oncle et par voie de conséquence les autres membres de ma famille. Chez mon père, il y a toujours eu la haine des allemands. Des réactions immédiates de sa part traduisaient une hostilité ostentatoire même sur des lieux de vacances. Même à mon âge, il me serait difficile de dire du bien de cette nation tant de tels commentaires me sembleraient peu respectueux de mes parents. A mon tour, ne pas en parler. A l'opposé, des personnes ont été capables de parler. Capables de pardonner. Parler et pardonner pour que ne plus jamais revoir ce qu'elles ont vécu. Des temps d'inhumanité pendant lesquels chaque saison était l'hiver le plus rude. Pour mieux faire savoir, étape incontournable de la conscience collective, Simone Lagrange a été l'un de ces exemples utiles, indispensables, référents.

Pour les prochaines générations, il y aura un vrai défi du devoir de mémoire. Il n'y aurait pas de pire échec collectif que des générations amnésiques sur des valeurs de cette importance.

Holocaust washington 18 02 16

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