Denis Bonzy

Le cancer : Obama et la grande cause trop tardive

Obama 2 13 01 16

Le dernier discours d'Obama sur l'état de l'Union tenu mardi soir est intéressant à plusieurs titres. D'abord, il montre dans la présente période la difficulté pour un pouvoir sortant d'esquisser de nouveaux projets sans se heurter au danger naturel du "pourquoi le promettre maintenant sans l'avoir fait avant". Mais il faut toujours chercher le positif dans les déclarations de personnes talentueuses comme Obama quand elles avancent vers l'heure de leur héritage. Le positif c'est le message sur la lutte contre le cancer.

Pourquoi la période actuelle est pénible ? Pour une multitude de problèmes collectifs quotidiens mais aussi voire surtout parce qu'il manque une grande vision avec un projet collectif qui donne le sentiment que demain sera meilleur qu'aujourd'hui. 

Quand Ted Sorensen et Ted Kennedy ont été amenés à décrire pourquoi JFK avait à ce point misé sur la conquête de la lune, Sorensen y voyait la mentalité de cette famille avec le goût du défi : le père disant à ses fils : "lancez la casquette derrière un mur haut et se dire malgré tout on va aller la chercher". 

JFK 1

Dans les années 60 et 70, cette conquête a mobilisé l'opinion mondiale, étape par étape.

Il en fut de même pour


le mur de Berlin. Certes de façon moins consensuelle parce que des personnes défendaient alors le communisme. Mais le symbole de la chute du mur de Berlin, quel progrès pour la Liberté. 

Quel projet comparable aujourd'hui ? Aucun.

Bien davantage, les plus belles avancées semblent "privatisées" comme si la santé, l'information, les déplacements … du nouveau siècle devaient être des grands projets financés par Google, Amazon, Facebook …

Quand Obama dit trop tard dans son mandat "nous allons vaincre le cancer", il revient à ses fondamentaux et plus tristement au passif de ses mandats : que va-t-il fondamentalement laisser comme vrai héritage durable ? 

C'est ce qui fait une partie importante de l'actuelle morosité française. Le quotidien politique est terne. Mais le devenir manque tellement de souffle, de "lumières", de rêves. Qui peut fonctionner sans rêve ? Cette part de rêve demeure un moteur indissociable de l'être humain. Seriez-vous heureux si on vous disait que demain serait nécessairement pire qu'aujourd'hui ? Non. Pourquoi en irait-il autrement sur le plan collectif ?

En pointant son échec, Obama a peut-être laissé un héritage positif : que son successeur n'oublie pas cette nécessité des grandes et belles causes collectives qui marquent des progrès historiques ?

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