Denis Bonzy

#Grenoble : l’opinion supporte de moins en moins la famille du « gendre idéal »

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A Grenoble, à l'approche du bouclage de la fin de la seconde année de mandat, l'histoire locale prend des virages. Le clash avec les commerçants en constitue un épisode fort dans l'histoire du mandat. Le mot "histoire" mérite sa place puisque la victoire a été celle revendiquée du storytelling : construire une histoire. Le pitch d'alors : comment faire de Grenoble la capitale de la "nouvelle gauche" capable de mêler écologie, technocratie, citoyenneté et social ? Une nouvelle gauche qui doit avoir un nouveau représentant : un candidat "neuf" qui fait naître la "séduction confiante" ? C'est là qu'est né le concept du "gendre idéal" : celui à qui toute "bonne famille" aimerait confier sa "fille". Il est jeune mais pas trop. Il sait faire des affaires sans être dévoré par l'appât du gain. Il n'a pas trop couru les autres campagnes (les "autres filles" dans l'imagerie souhaitée) et est même capable d'en cacher plusieurs avec la bonne volonté de chacun. Il est sportif puisqu'il fait du … vélo … Pour le "réflexe protecteur", il y a même une concession forte : il est "catholique". Pendant toute la campagne, la "famille du gendre idéal" est restée à l'écart. Même pas croisée officiellement.

Le pitch d'alors est d'ailleurs tellement bien rédigé que l'un ou plusieurs des rédacteurs ne peuvent résister au plaisir de la lumière. Il est mis en ligne sur un réseau social. Accessible à chacun. 

La victoire est acquise. Et l'installation se passe bien.

La première année de mandat est "cool". Il faut dire qu'à Grenoble, comme dans de nombreuses autres villes de France, la première année d'un nouveau pouvoir municipal, les citoyens ne sont plus des citoyens mais des commerçants. Est-ce que le "petit commerce" de chacun va conserver la "clientèle" de la nouvelle mairie ?

En l'espèce, la peur a bien fonctionné. Le nouveau pouvoir a montré rapidement qu'il pouvait changer de commerces : palais des Sports, Musiciens du Louvre … D'un coup les plus grands supporters du pouvoir d'avant deviennent les ravis de la "nouvelle crèche" : le nouveau Jésus parmi les siens est paré de toutes les qualités. Pas une seule ne peut manquer à l'appel. Ils sont d'autant plus ravis publiquement qu'ils avaient été d'autant plus les supporters de l'ancien pouvoir …

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Dans ce contexte, dans les 6 premiers mois, la pire erreur objective (Tour de France, chèvres à la Bastille …) devenait alors une

… réussite nationale parce que limitée au local c'eût été manquer d'ambition et la normalité relevait de l'exploit. L'esprit de Cour fonctionnait à plein régime sans économie de carburant dans une ville pourtant écolo. Chaque jour amenait de l'essence au moteur de la Cour.  Il faut dire que les bénéficiaires avaient aussi deux boucliers officiels quand ils étaient pris en "faiblesse" : le mauvais état des comptes et la découverte des dossiers. Avec ces deux arguments, tout pouvait être pardonné.

Puis le temps a passé. Les boucliers sont devenus moins efficaces. La réalité des "mauvais comptes" est apparue moins perceptible puisque chacun, y compris peut-être au sein même des membres de la majorité (?), s'est perdu dans les chiffres et surtout dans la faiblesse progressive des dénonciations. Quant à la découverte des dossiers, huit mois plus tard, elle ne pouvait plus servir de repli permanent. La délinquance s'est accélérée. Les mesures dogmatiques sont intervenues. 

Et une nouvelle étape s'est ouverte : l'opinion est fâchée avec la famille du "gendre idéal". L'opinion n'est pas encore prête à se déjuger totalement sur le "gendre idéal" mais elle commence à avoir sa famille dans le collimateur. D'ordinaire, le constat relevait du privé, de la confidence dans les discussions de salons ou de couloirs. Là, le constat devient public, ce qui est un signe de "fâcheries" qui ne peuvent être contenues.

Aux rédacteurs du storytelling de la campagne qu'ils ont su imaginer avec talent (du contenu comme du contenant visuel), il faut désormais soumettre un nouveau scénario : comment réconcilier la famille du "gendre idéal" avec l'opinion ou faut-il se préparer à changer de famille (le périmètre de la majorité de la Métro) ?

Aux ordinateurs. Le temps est compté parce qu'à ce rythme la famille pourrait aussi emporter le gendre idéal… Il y a des épisodes qui peuvent déraper. Il faut vite re-scénariser le tout. Surtout si les régionales donnent des scores locaux étriqués comme les cantonales. 

Le vrai talent est dans la répétition des exploits. Allez au moins un second coup pour le fun. Il ne faut jamais se résigner à l'éphémère.

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