De façon très intéressante, en économie comme en politique, il y a des moments qui marquent des tournants. Le lendemain rien n'a fondamentalement changé et pour autant rien n'est plus totalement comme hier. Un tournant est intervenu. Discret mais important. Ce fut le cas de la journée d'hier. Quand dans le dossier FIFA, Manuel Valls apporte publiquement son soutien à Platini manifestement empêtré dans une affaire en cours instruite à l'étranger, c'est un tournant.
A quel titre un Premier Ministre peut-il se mêler d'une instruction judiciaire en cours ? A-t-il seulement connaissance de pièces qui fondent son appréciation ? Et à plus forte raison pour une affaire instruite dans un Etat étranger ?
Cette appréciation ne résiste à aucun élément de bon sens.
Mais la vie politique française est ainsi faite qu'un politicien doit avoir un avis sur tout et à la première seconde. Les politiciens français s'épuisent ainsi à commenter tout et n'importe quoi. Cette pratique a été le tournant dans l'érosion du crédit des politiciens. L'érosion s'accélère.
Hier, aux Etats-Unis, il y a eu un tournant important : la démission de John Boehner, sorte de Président du Congrès c'est à dire de la réunion des deux Chambres. Aux Etats-Unis, la politique est considérablement plus dure qu'en
France. Les postes sont moins nombreux. Les campagnes sont plus violentes. Les distances sont considérablement plus grandes donc la dépense physique est forte. Boehner avait gagné 13 élections dans l'Ohio. C'est dire sa capacité de résistance. Lors de contacts avec des responsables politiques américains, parler de John Boehner c'était toujours entendre la même remarque "le brave gars du coin". Celui qui "gardait les pieds sur terre" même arrivé aux plus hautes fonctions. Hier Boehner a démissionné. Il n'était pas "assez radical" dans la lutte politique contre Obama. Il faut dire que le "radicalisme nouveau" c'est la capacité à manier les injures, les insultes, la théorie du complot généralisé …Le 1er tournant avait été la popularité de Trump même pas ébranlée par les insultes contre McCain puis les allusions scandaleuses au sujet d'une femme journaliste.
Quand des tournants ne donnent pas immédiatement lieu à des sorties de routes, c'est qu'ils indiquent qu'une nouvelle voie vient d'être empruntée.
A observer les nouvelles voies empruntées ces dernières semaines, le carambolage politique promet si l'opinion ne reprend pas ses esprits rapidement parce qu'il y a des attitudes qui méritent le carton jaune pour le moins.
Denis Bonzy 
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