Pourquoi en France l’abstention devient-elle le 1er parti alternatif ?

Rarement la classe politique française  a été aussi déconnectée de vrais enjeux de fond. Elle vit au jour le jour ballottée par l'actualité immédiate. En fonction des médias qui structurent désormais la vie politique au lien de la commenter, il s'agit de parer au plus pressé : une posture, une promesse …

Parmi les sujets de fond non traités, il en est un qui mérite une attention prioritaire : pourquoi en France l'abstention devient-elle le 1er parti alternatif ?

De nombreuses campagnes sont en cours dans des démocraties occidentales comparables. Dans la quasi-totalité des cas, des partis ou des candidats alternatifs émergent. Ils rompent avec les usages, avec les forces classiques.

Des salles sont pleines. Elles s'enthousiasment.

En France,

c'est le désert. Le président de la région Rhône-Alpes-Auvergne crie victoire parce qu'il lance sa campagne devant … 350 personnes sur un potentiel de … 8 millions d'habitants !

Pourquoi cette situation en France ? Parce qu'en France, la loi sur les financements politiques a totalement verrouillé la politique allant jusqu'à l'interdiction des publicités commerciales donc la capacité libre de se faire connaître. C'est le dispositif le plus liberticide qui soit et qui garantit la plus forte rente de situation aux sortants. 

Parce que l'offre est terriblement restreinte, une partie croissante de la demande (une partie bientôt majoritaire !) reste désormais à l'écart de l'offre. 

Mais cela ne dérange pas le "marché politique". Ce qui compte pour lui c'est de gagner des places de pouvoir et non pas d'être représentatif du plus grand nombre. C'est l'expression la plus caricaturale de l'instrumentalisation de mesures qui visaient la "morale" mais qui, en réalité, ont été d'abord la protection des partis politiques traditionnels et qui sont désormais une chape de plomb sur la démocratie moderne.