Denis Bonzy

Revue Plos Biology : et si des animaux avaient parlé avant nous

Chatham

De longue date, un des sujets qui me parait parmi les plus importants c'est la détermination du langage des animaux. Comment bien vivre avec eux si la communication est impossible ?

Pour les chiens, des études remarquables ont été produites dont le livre "comment parler chien ?" (Editions Payot). Pour les poules, les livres d'Anny Duperey sont assez remarquables. Pour les corbeaux, de récents films documentaires ont montré une intelligence hors du commun dont la capacité de passer un message qui établit un décompte jusqu'à 3. Et on pourrait continuer la liste des exemples pendant longtemps.

Hier la publication d'une étude dans la revue Plos Biology est une avancée importante. 

1) Déterminer que les sons ont un sens chez les animaux : pas besoin de grande étude scientifique pour fixer un tel constat. Il suffit d'observer les animaux avec lesquels on vit. On le perçoit rapidement et en fonction du niveau de confiance donc d'harmonie, le son est la communication permanente avec certaines attitudes corporelles.

2) Déterminer si le sens d'un son est constant, donc peut être constitutif d'un réel message durable : même remarque que ci-dessus.

3) Identifier si ce sens permet un dialogue avec nous : même remarque que ci-dessus.

4) Mais que les sons d'animaux aient précédé le langage humain : là c'est une autre étape. C'est l'étape qui a été franchie hier par une publication dans la revue Plos Biology.

Une publication pourrait donner un nouvel éclairage sur les origines du langage humain.

Le pomatostome à calotte marron (Pomatostomus ruficeps), un oiseau très social qui vit en Australie, est capable de créer de nouvelles significations en ré-arrangeant des sons, une forme de babillage qui a des similitudes avec la manière dont les humains créent les mots, expliquent-ils.

Cette découverte pourrait révéler les toutes premières étapes de l'émergence de systèmes de langages élaborés que nous utilisons aujourd'hui, pensent ces scientifiques. «Des recherches faites précédemment indiquent que


les animaux et particulièrement les oiseaux sont capables d'associer différents sons pour former un chant complexe», relève Sabrina Engesser, de l'Université de Zurich en Suisse, l'un des principaux auteurs.

Bird 30 06 15

«Nous pensons que ces espèces d'oiseaux pourraient choisir de ré-arranger les sons pour produire de nouveaux sens car c'est plus simple et plus rapide de combiner deux sons existants», selon Andy Russell, professeur d'écologie à l'Université d'Exeter au Royaume-Uni, un expert, co-auteur de l'étude.

Ces chercheurs ont observé que les pomatostomes réutilisent deux sons «A» et «B» dans différentes combinaisons, selon leurs activités spécifiques.

En volant, ces oiseaux produisent un son «AB», mais quand ils nourrissent leurs oisillons dans le nid ils émettent alors une autre combinaison de ces sons, «BAB».

Quand ces scientifiques ont fait entendre les différents sons qu'ils avaient enregistrés, les oiseaux qui écoutaient ont montré par leurs réactions qu'ils étaient capables de distinguer ces combinaisons sonores.

Ainsi ils regardaient en direction du nid en entendant les trois sons combinés «BAB» ou tournaient la tête en l'air cherchant un des leurs volant à proximité en écoutant le «vocable» AB qui apparemment signale l'action de voler.

C'est une belle avancée qui devrait conduire bon nombre d'individus à témoigner non seulement un respect plus fort pour les animaux mais surtout beaucoup plus d'humilité dans le rapport entre les individus et les animaux.

 

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