Denis Bonzy

A quand la fin de la culture de la responsabilité du seul lampiste ?

En France, le "lampiste" désigne le subalterne qui endosse la responsabilité des fautes de ses supérieurs hiérarchiques. Toute la culture française est imprégnée par cette "logique" pour protéger l'institution qui, elle, est sacrée.

Tout le procès Kerviel est résumé dans cette culture alors même que, dans toutes les hypothèses, l'institution aurait dû être sévèrement sanctionnée :

– soit parce qu'elle ne surveille ses collaborateurs a fortiori dans les métiers les plus à risques,

– soit parce qu'elle cautionne les risques les plus absolus. 

Kerviel

Dans les deux hypothèses, dans ce dossier, la responsabilité de l'Institution est considérable objectivement.

Aujourd'hui, les déclarations d'une fonctionnaire montrent l'éventuelle immensité d'un scandale d'Etat. Les déclarations montrent aussi les vrais remparts de la vérité.

D'une part, le journalisme dont c'est la vraie fonction. Un média qui gagne sa vie par les abonnements et pas par les aides publiques ou par les subventions diverses. Donc un média libre. Probablement orienté politiquement mais rien n'interdit à la droite d'avoir un média aussi impertinent et ancré à droite.

D'autre part, des fonctionnaires qui travaillent dans l'obscurité mais avec une déontologie exemplaire. Ce sont aussi les vrais partenaires de


la vérité. Comme dans la quasi-totalité de la fonction publique française de grande qualité.

La chaîne des politiques est totalement absente. Même la "gauche dont l'adversaire" était la finance est totalement absente. Les parlementaires n'ont jamais diligenté une mission d'enquête sérieuse avec de gros moyens humains d'expertises. Ce dossier, c'est à la fois le symbole d'une culture de l'irresponsabilité et d'un constat de l'impuissance politique. Il est le marqueur de la gravité de la crise des dysfonctionnements politiques français.

Commentaires

Une réponse à « A quand la fin de la culture de la responsabilité du seul lampiste ? »

  1. Avatar de @LesBulles1
    @LesBulles1

    Encore une fois, cette affaire démontre le point de putréfaction qu’a atteint le système. Une banque peut se servir d’un individu pour gagner énormément d’argent puis le jeter en pâture quand les choses tournent mal. Le tout avec la complicité d’un ministre des Finances (Sapin) qui se permet de traiter cet individu d’escroc …
    Une question importante se pose : pourquoi 1,7 milliard d’argent public a été versé à la SG en réparation partiel de son préjudice sans que la Ministre des Finances de l’époque (Lagarde)ne lui demande le moindre compte ?
    Il s’agit d’une faute grave mais tellement symptomatique. A une banque, on ne demande pas de comptes …
    Concernant Mediapart, son indépendance tient à son financement. Mais quand vous dites que les autres médias vivent des « aides publiques ou des les subventions diverses », vous passez sous silence que les principaux médias sont la propriété de grandes fortunes de ce pays. C’est ce point qui met en cause leur indépendance et leur liberté de mener de vraies enquêtes !
    Arnaud Lagardère possède Paris-Match, Elle magazine, le Journal du Dimanche, La Provence, Nice-Matin, Europe 1…
    Les Bouygues possèdent les chaînes de télévision TF1 et LCI.
    Les Dassault possèdent Le Figaro, L’Express, le Figaro Magazine.
    Bertelsman possède RTL et M6.
    Pinault possède Le Point.
    Bolloré possède Direct Matin.
    Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse possèdent Le Monde.
    Patrick Drahi possède L’Express et L’Expansion.
    Est-il si étonnant que ces médias ne débusquent pas plus d’affaires et de scandales que ça ?
    Pour terminer, un petit mot sur les lanceurs d’alerte que la Loi Macron a tenté de museler avec la notion de « secret des affaires » …

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