La démocratie française est dans le coma. L'abstention est le 1er parti. A quelques points près, un parti extrémiste au programme inapplicable en est le second. Cette situation peut paraître irréelle. Elle est pourtant tellement logique compte tenu des décalages d'une vieille démocratie qui ne fait pas le moindre effort pour trouver une nouvelle jeunesse.
Prenons 5 faits concrets de la semaine en cours :
1) Au Canada, dans le cadre des élections d'octobre, il y aura 5 débats publics contradictoires entre les leaders. En France, pour la présidentielle, ce chiffre est de 1. Comment tout contenir dans un seul débat : économie, société, international … ? Impossible. Ce débat unique devient de pure forme.
2) Dati a fait payer par les contribuables des dépenses intolérables d'achats vestimentaires "grandes marques". Que se passera-t-il en dehors de 48 heures d'agitation médiatique ? Rien. Dans 15 jours, au rythme actuel des scandales, l'opinion sera passée aux suivants.
3) En Alberta, Rachel Notley, nouveau Gouverneur, respecte ses engagements électoraux notamment au sujet de Keystone XL. Le changement se voit et tout de suite. Les citoyens savent ce que changer signifie.
En France, dans combien de Communes et de Départements, le changement se voit depuis les élections concernées ? Très peu. Tout est prétexte pour ne pas agir et tout est excuse pour expliquer que les blocages viennent d'ailleurs.
Parfois même les collaborateurs départementaux vilipendés hier par l'UMP dans l'opposition sont désormais les collaborateurs de … l'UMP suite aux victoires liées au suicide de la gauche. Mais il est vrai que l'actuel secrétaire général de l'Elysée n'est autre qu'un ancien ministre de … Sarkozy.
4) Aux Etats-Unis, sur un projet d'accord commercial, des sénateurs démocrates votent contre le projet présenté par le président démocrate. Ils donnent les raisons. Il n'y a pas de crise de
régime. Chacun a sa légitimité et la fait respecter. On est loin du "climat des frondeurs" en France qui disent ne pas voter pour finalement … voter puis regretter de l'avoir fait.
5) En GB, Cameron a donné l'indication du calendrier du référendum sur l'Europe. Dans les 24 heures après la victoire, les journalistes français questionnaient "cette promesse de campagne ne sera pas tenue". Et leurs homologues britanniques répondaient ;"impossible parce que c'est une promesse de campagne". Tout le choc des cultures était résumé dans cette opposition.
Face à la réalité de tels faits, comment s'étonner que la démocratie française puisse cultiver d'abord l'abstention ? C'est presque devenu un réflexe de bon sens dans de telles conditions. A ce rythme, en France, ce ne sont plus les abstentionnistes qu'il faut prévoir de punir mais les votants qu'il faut récompenser.
Laisser un commentaire