La période actuelle est marquée par une originalité particulière : il y aurait une violence tellement "insupportable" qu'elle ne serait pas susceptible d'être montrée ?
Dernier exemple en date : le groupe État islamique (EI) a diffusé hier dimanche une nouvelle vidéo qui menace les chrétiens en montrant l'exécution d'au moins 28 hommes, présentés comme des Ethiopiens, par des djihadistes en Libye. La diffusion de cette vidéo sur des sites djihadistes intervient deux mois après celle d'images d'exécutions de 21 chrétiens coptes, pour la plupart des Égyptiens, qui avait provoqué une réaction armée du Caire.
La nouvelle vidéo de 29 minutes montre deux groupes d'hommes présentés comme des «fidèles» de «l'Eglise éthiopienne ennemie».
Au moins 12 hommes d'un premier groupe sont égorgés sur une plage tandis qu'au moins 16 d'un second groupe sont tués par balles à bout portant dans une zone désertique indéterminée. À Addis Abeba, l'Ethiopie a «condamné fermement de telles atrocités, qu'elles concernent des Éthiopiens ou d'autres» nationalités, a déclaré à l'AFP le ministre de la Communication, Redwan Hussein.
L'ambassade d'Éthiopie en Égypte tentait d'obtenir la confirmation de la nationalité éthiopienne des victimes, a-t-il ajouté.
La Maison-Blanche a condamné l'exécution «dans les termes les plus forts», la qualifiant dans un communiqué de «massacre brutal», et appelant urgemment à un «réglement politique du conflit» en Libye.
L'enregistrement porte le logo de l'EI et sa mise en scène présente des similarités avec la précédente vidéo sur la décapitation des 21 coptes.
Les 12 hommes, vêtus de combinaisons oranges, sont amenés sur
la plage avant d'être couchés au sol et décapités au couteau. Un homme habillé en noir s'exprime en anglais alors que les autres bourreaux, un derrière chaque prisonnier, sont intégralement vêtus de treillis militaires et silencieux. Tous sont masqués.
L'orateur, qui brandit un pistolet, menace les chrétiens s'ils ne convertissent pas à l'islam.
Voilà pour les faits.
Ces faits ne donnent lieu à aucune image parce qu'ils seraient trop … violents.
Qui décide ?
Où est la ligne de partage entre la "violence diffusable" et la violence qui ne le serait pas ?
Comment une opinion peut-elle est sensibilisée aux vrais enjeux du moment si son information est ainsi tronquée, truquée ?
C'est une situation d'une extrême gravité. La violence ne peut pas être le cimetière de la vérité. Dès que des faits sont avérés, cette violence doit être exposée parce qu'elle est la vérité. Dès que l'information divorce de la vérité, elle entre dans une spirale perverse d'une extrême gravité.
C'est ce que nous connaissons en France actuellement sur ce sujet. La responsabilité politique est historique sur ce point.
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