Denis Bonzy

Edition : la vente des livres progresse à Québec mais baisse en France

Hier, l’Institut de la statistique du Québec a indiqué que les ventes de livres neufs de la part des éditeurs, distributeurs, librairies, grandes surfaces et autres points de vente ont atteint 688 millions au Québec en 2013, par rapport à 678 millions en 2012. Il s’agit d’une hausse de 1,5 % ou 10 millions entre les deux années.

En France, sur la même année (2013), les ventes de livres ont baissé  en volume (- 1%) et baissé en valeur globale (- 1,5 %)

Ce choc de deux chiffres contraires devrait inciter à la réflexion et surtout à des corrections de politiques du livre.

Trois différences majeures existent :

1) En France, la loi Lang sur le prix unique ne permet aucune réactivité du produit face au marché. Le Québec ne connait pas de loi Lang. 

Arthaud 11 04 13

La loi Lang est une rente de situation pour les grosses structures d'édition et un handicap pour les structures légères. Un livre ne connait en France que deux cycles : celui de sa commercialisation et celui de sa … casse. Il n'y a pas de situation intermédiaire pour tenter de le relancer dans un cycle commercial par la fluidité du prix.

Au moment où il est question de dérégulation, dans le domaine de l'édition, la loi Lang devrait être supprimée.

2) La concurrence para-publique n'existe pas à Québec alors même


qu'elle s'est considérablement développée en France par exemple en matière d'information géographique. Combien de Départements, de Régions, de structures publiques confondent communication et édition ? Pourquoi acheter des guides auprès d'un éditeur privé alors même qu'un Office du Tourisme va proposer gratuitement une information de ce type ?

3) Les contraintes et la volonté de gérer l'achat public des bibliothèques en faveur d'éditeurs "locaux" est forte à Québec et totalement inexistante  en France avec le règne des centrales d'achats. Et dans l'imagerie, le Québec est perçu comme "libéral" et la France comme "dirigiste" …

Les acheteurs publics à Québec ont la conviction de défendre un "patriotisme culturel local" en achetant auprès d'un éditeur local. En France, même les collèges et lycées ont vu l'autorisation de passer des commandes groupées auprès de centrales d'achats quand avant les parents d'élèves faisaient leurs achats chez le libraire de proximité.

Ces trois facteurs changent entièrement le cadre d'une activité économique.

Moins de livres vendus = + de libraires en difficulté.

Au rythme actuel, les libraires seront les professionnels "réservés" aux grands centres urbains. En quelques années, une profession est progressivement rayée de la carte dans le pays qui s'est longtemps voulu la "capitale" de la culture.

Pour autant, cette évolution intervient dans l'indifférence quasi-totale.

Et le choc des chiffres montre qu'il n'y avait pas matière à une fatalité.

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