La classe politique française ne peut pas être prise au sérieux quand, en pleine crise, elle continue à présenter des prévisions budgétaires aussi éloignées de faits établis.
Prenons les ressources liées aux cessions d'actifs.
C'est un dossier ancien. La mission de réalisation des actifs immobiliers de l'Etat date de 1987. Depuis cette date, les produits réalisés par an ont été dans le meilleur des cas au quart des recettes prévues. Une mission parlementaire avait d'ailleurs effectué officiellement ce constat.
Pour avoir engagé des négociations avec la MRAI à plusieurs reprises, il apparaissait immédiatement qu'elle n'avait pas les moyens de remplir les missions confiées.
La spécificité de certains patrimoines entraînait une décote immédiate entre la valeur abstraite et le prix du marché. Par exemple, le prix des sémaphores.
Sans parler de cas très précis pour lesquels les interlocuteurs n'avaient pas
la volonté d'exécuter et l'indiquaient assez ouvertement d'ailleurs.
Deuxième constat, quand l'Etat a vendu des actions qu'il détenait dans une entreprise, par définition, il ne peut plus exercer le pouvoir de direction qu'il détenait hier en raison de son statut d'actionnaire.
C'est donc une conception totalement différente des conditions d'exercice pratique des fonctions de l'Etat. Le dernier exemple est les autoroutes. Privatisées, l'Etat peut toujours parler mais il ne peut que … parler au point d'ailleurs de se ridiculiser comme Royal.
C'est quand même terrible de constater un budget qui repose ainsi sur deux leurres avérés :
– des recettes prévues qui ne seront pas réalisées comme elles ne l'avaient pas été par le passé et pour des montants considérables,
– des abandons de compétences liés à des cessions d'actifs qui feront que l'Etat une fois dehors demain ne pourra plus décider comme hier quand il était dans la société concernée.
Ce décalage avec des vérités élémentaires de bon sens donne le sentiment que la classe politique prend véritablement les citoyens pour des ânes. Heureusement, ce n'est plus tout à fait le cas. Malheureusement pour les politiques.
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