Denis Bonzy

Le rôle toujours sacré du livre mais pour maintenant conforter l’esprit

Contrairement à bon nombre d'analyses sur la disparition de supports d'informations en raison d'une concurrence de plus en plus forte, les récents succès de livres montrent combien l'opinion sait remarquablement gérer les fonctions complémentaires de supports d'informations.

En France, les explications de Valérie Trierweiler auraient-elles eu un impact analogue avec un support autre qu'un livre ? Assurément pas.

Le livre garde un caractère sacré pour l'explication sérieuse. Encore faut-il que cette explication sérieuse ne sombre pas dans la confusion donc qu'elle puisse être résumée par quelques mots. Hollande ne se remettra pas de la formule des "sans dents" comme de celle des "handicapés qui font commerce de leur handicap", comme de la scène où il est prosterné sur un lit … Le livre c'est la réalité de mots démultipliée par la force de l'imaginaire. 

C'est une première évolution.

Une seconde évolution mérite  l'attention.

Hier, le livre alertait l'esprit. Aujourd'hui, il doit conforter l'esprit, consolider l'idée admise avant … lecture.

En effet, rien ne voue un livre au succès. 

Prenons le cas des Etats-Unis. Hillary Clinton rate la promo de son livre tandis qu'Elizabeth Warren change de dimension avec le succès du sien. Presque comme Obama en 2007. 

Warren promo livre

Pourquoi ?

Parce que les lecteurs voient dans un livre ce qu'ils comptaient voir et qui dépasse de beaucoup le seul livre. C'est donc un redoutable miroir. Hollande est très impopulaire. Le livre de Trierweiler apporte de l'eau au moulin de l'opinion. L'eau que l'opinion attendait pour conforter son sentiment initial. 

Si Hollande avait été populaire, le succès du livre de Trierweiler aurait été très difficile.

Le livre ne crée plus l'assaut pour faire changer l'esprit mais il conforte l'opinion installée. Il rassure. Il crédibilise. 

Hillary Clinton ne fait pas décoller sa campagne de lancement pour la présidentielle. Donc le lancement de son livre pas davantage.

Warren apporte le neuf attendu par l'opinion. Elle clive. Elle surprend. Donc le livre bénéficie de


ce courant.

Elizabeth Warren bis

L'opinion se fait progressivement tellement à l'idée d'avoir toujours raison qu'elle devient une vague contre laquelle il est quasi-impossible de lutter. C'est une situation qui a de quoi inquiéter quand on connait la versatilité de l'opinion comme le caractère superficiel de bon nombre de ses critères de décisions.

Hier, le livre était un cri, une alerte, une mise en cause. Aujourd'hui, il est devenu un témoin rassurant sinon voué à disparaître dans l'embouteillage des publications.

Ce témoin que l'opinion se plait à questionner pour être confortée dans … son choix de départ.

Pas sûr que le livre y gagne dans la durée ni l'opinion d'ailleurs.

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