Dimanche, Sarah Palin a lancé le Sarah Palin Channel. Contrairement à des clichés trop répandus, Sarah Palin n'est pas "la cruche" qui multiplierait les gaffes en permanence. Sarah Palin a une capacité à parler à "l'Amérique profonde" aux valeurs très différentes de "l'Amérique des rivages".
Si une telle initiative n'est pas vouée à l'échec, c'est que les médias classiques sont très déstabilisés.
Des différences profondes existent historiquement entre les médias français et les médias américains. Ces derniers ont une tradition bien plus globale d’indépendance. La diversité des supports est plus grande aux Etats Unis qu’en France. Mais surtout, les médias américains se veulent plus attachés aux faits que les médias français.
La vérité des faits est ce qui compte le plus. D’où l’investigation auprès des témoins, des acteurs afin de défendre le droit de savoir qui est reconnu au public.
Le « média d’opinion » a longtemps été considéré comme une hérésie au pays des résultats financiers. Les règles étaient simples :
- les médias à forte audience font partie d’un groupe chargé surtout de rapporter des dividendes aux actionnaires,
- pour cela, il faut attirer beaucoup de publicités,
- pour réussir, il importe d’attirer le lecteur en lui parlant d’abord des sujets qui concernent le commun des mortels : sports, crimes, faits et gestes des personnalités locales, extravagances des vedettes du cinéma principalement.
Dans ce contexte, les informations politiques occupent une place mineure parce qu’elles intéressent modérément les lecteurs. Telles étaient les règles d’or du côté des médias.
Quant à leurs partenaires privilégiés, les annonceurs, les repères étaient simples : la publicité doit être un investissement rentabilisé par l’accroissement des ventes.
Dans ce contexte général,
il y avait aussi un autre facteur d’équilibre d’ailleurs peu souvent évoqué. Si les actionnaires étaient souvent du camp républicain, les journalistes étaient souvent du camp démocrate. Chacun se « supporte » en ne provoquant pas l’autre.
Cet équilibre précaire a été remis en cause par deux facteurs : Internet et le 11 septembre. Avec le 11 septembre, les médias ont été perçus trop "dociles". Ils ont ouvert un espace à la la "blogosphère". Un espace bien occupé et que le temps a conforté. Les médias classiques venaient de perdre une manche importante.
Maintenant, une nouvelle bataille s'annonce : l'éditorialisation assumée de l'information. C'est le stade ultime de la contestation des médias classiques mais surtout c'est une étape très grave pour les "cohésions nationales".
Avec Internet et la désacralisation des médias, les citoyens ont changé la donne. Ils retiennent l'information qui correspond à celle qu'ils souhaitent. L'information ne s'impose plus aux citoyens. Les citoyens font leur grille de lecture de l'information.
Si des chaînes d'informations partisanes se structurent à ce point, c'est un rapport entièrement différent à l'information globale qui va naître.
C'est un vrai avis de tempête sur les médias classiques parce qu'il est probable que l'opération Palin va essaimer.
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