La crise de régime en France atteint une gravité inédite.
Les politiciens brassent dans le vide. L'analyse faite par VGE dans Paris Match cette semaine est d'une terrible lucidité. Les affaires de l'UMP jointes à l'amateurisme du Gouvernement font que la majorité est défaite sans qu'une alternative séduisante ne se dégage. Deux forces de gouvernement décrédibilisées en même temps, c'est rare à ce point.
La Justice est désormais perçue comme partiale. C'est une appréciation (juste ou fausse ?) qui correspond désormais à une réalité dans l'opinion parce qu'il ne suffit plus que la "justice soit rendue" mais il faut aussi que "la décision de justice soit perçue comme la Justice". Ce qui est plus qu'une nuance. Dans l'affaire Taubira, la ministre a gagné dans le prétoire mais elle a perdu dans l'opinion à entendre les commentaires unanimes sur la sanction d'un délit très grave d'expression, voire de pensée.
L'Information, supposée quatrième pouvoir, est entrée dans la même zone de crise. Perpignan et le viol qui n'a pas eu lieu. L'eau et
la condamnation trop rapide. Marseille et l'animal jamais persécuté … : presque chaque jour apporte un fait qui n'a pas … eu lieu.
L'information est déstabilisée par ce qui est rapporté à tort comme par ce qui n'est pas rapporté à tort aussi. Les voitures brûlées dans la nuit du 14 juillet ont été occultées. Dimanche les conditions d'attaque d'une synagogue à Paris ont été considérablement sous-traitées… L'Etat d'Israël et le Hamas ne peuvent raisonnablement être mis à égalité dans leurs conditions de fonctionnement.
Des actes reposant sur des guerres religieuses ne peuvent être sous-considérés à ce point.
…
Il y a aujourd'hui trois vecteurs d'offensive pour kidnapper la réalité de faits :
– l'engagement partisan du journalisme qui a considérablement progressé ces dernières années. Presque chaque support national d'opinion a désormais une ligne éditoriale très engagée,
– l'éditorialisation qui a trop pris le pas sur la simple présentation matérielle de faits,
– la personnalisation de l'information comme si bien s'entendre avec un journaliste était la meilleure garantie d'un certain traitement avant même le contenu réel de l'information. Selon une signature, le contenu devient terriblement prévisible.
Peut-être pour la première fois à ce point, tous ces piliers d'un bon fonctionnement démocratique sont en crise mais surtout tous en même temps.
Il y a quelques semaines, le FN est arrivé en tête en France lors des européennes. C'est plus qu'une alerte. Ce score n'est pas celui de la séduction d'un discours nouveau ou d'un leadership attractif.
C'est le score de la fièvre collective, exclusivement de la fièvre liée au mal être ambiant.
Depuis les Européennes, cette fièvre n'est pas tombée, loin s'en faut. Il suffit d'entendre les commentaires, les analyses. Des barrières tombent les unes après les autres. Nous assistons à une réelle fin de régime. Cette fin est inscrite dans les faits. Il reste plus qu'à connaître le calendrier mais surtout l'ampleur du désastre à l'issue de ce sinistre épisode.
Si cela continue sur l'actuelle "dynamique", la lucidité doit conduire à conclure à un réel désastre collectif.
Laisser un commentaire