« Père tu m’as vendue à un vieil homme / Que Dieu détruise ta maison ; j’étais ta fille » : c’est le poème que la jeune Zarmina avait récité à la radio avant de s’enlever la vie.
Pendant le règne des talibans en Afghanistan ou au Pakistan, la récitation de poèmes était devenue encore plus problématique. Même aujourd’hui, les Afghanes doivent être discrètes quand
elles s’y adonnent. Dans les villages, il y a souvent une seule femme qui chante, et les hommes ne savent généralement pas qui elle est. Il faut dire qu’une femme qui chante risque d’être considérée comme une prostituée en Afghanistan.
Eliza Griswold est journaliste. Il y a deux ans, elle est partie à la recherche de ces poèmes brefs qui circulent aujourd’hui en Afghanistan. Elle a rapporté de ses séjours dans cette région qu’elle aime un recueil d’une centaine de poèmes intitulé I Am the Beggar of the World (Je suis la mendiante du monde).
Elle précise : « nous avons réalisé ce projet à ce moment précis parce que nous voulons faire entendre les voix de celles qui risquent le plus après le retrait des troupes internationales. Nous avons promis aux femmes afghanes un nouveau mode de vie qui se traduit par une plus grande liberté personnelle. Pour moi, c’est une façon de remplir notre promesse et de ne pas abandonner les Afghans une fois de plus. »
Après le rapt des écolières et la déclaration de John Kerry au département d'Etat regrettant que seuls les Etats-Unis se mobilisent concrètement dans cette grave affaire, c'est un recueil qui mérite une large promotion.
Une cause qui mériterait une plus large mobilisation en France.
Laisser un commentaire