Denis Bonzy

Le débat Place Gre’Net et Club de la Presse : la relation avec la crise comme voisine obligée

Le débat d'hier soir organisé par Place Gre'Net et le Club de la Presse a démontré, si besoin était, que l'un sujets majeurs est la place de la crise dans les prochaines années.

L'essentiel de la crise est devant nous et dans des circonstances difficilement prévisibles en matière de gravité.

Trois éléments  structurants méritent l'attention :

1) L'image internationale de la France auprès des organismes prêteurs a changé depuis septembre 2013. Jusqu'alors,


au-delà des contraintes techniques de placements, la signature de la France dans le rapport à la dette était protégée par la certitude que le pays pouvait, si beoin, toujours augmenter les prélèvements publics. Désormais, cette certitude est ébranlée par la perception d'une allergie fiscale nouvelle. Si cette "solution" de la hausse fiscale n'existe plus, les fondamentaux reprennent le dessus et l'inquiétude naît. Cette inquiétude peut alors impacter les taux d'intérêts et la dette peut prendre un visage tout à fait différent.

L'évolution à la hausse des taux d'intérêts modifierait en quelques semaines la totalité des perspectives des économies à réaliser. C'est une nouvelle donne internationale qui existe maintenant et qui explique probablement pour une grande partie l'évolution du discours présidentiel.

2) La France ne peut pas se permettre de tolérer durablement un tel niveau de chômage. Il fragilise l'économie. Il aggrave les structures des finances publiques en pesant sur les charges pour efforts sociaux, en diminuant les recettes. C'est donc une tenaille technique intenable sans compter bien entendu sur les aspects humains.

3) Le FMI dans son dernier rapport a mis en évidence les décrochages qui existent désormais au sein de l'économie internationale. Il est noté : "de manière générale, le FMI voudrait voir les pouvoirs publics renforcer leurs politiques de croissance économique et de création d’emplois à moyen et à long terme, en prêtant une attention particulière aux grands déséquilibres intérieurs et extérieurs, comme ceux qui ont contribué à plonger le monde dans la Grande Récession. Sur la scène mondiale, les pays comme la France, l’Italie, l’Afrique du Sud, le Royaume-Uni et l’Inde, qui accusent un déficit commercial et de leur compte courant, devraient améliorer leur productivité et lever les obstacles à la création d’emplois. Les pays comme la Chine et l’Allemagne, dont les économies dépendent largement de leurs ventes à l’étranger, devraient, quant à eux, intensifier leur demande intérieure en stimulant l’investissement, en améliorant la productivité des secteurs qui ne font pas l’objet d’échanges commerciaux ou encore, dans le cas de la Chine, en renforçant le filet social afin de libérer la partie de l’épargne des ménages amassée pour faire face aux imprévus de la vie".

Par conséquent, le défi est dans la mise en oeuvre incontournable de réformes structurantes.

Hier soir, sur des dossiers comme la gratuité ponctuelle des transports publics, sur l'effort pour le logement public … : cette contrainte incontournable de la crise et de cette réforme ont parfois été terriblement sous-estimés par certaines propositions.

C'est à une véritable révision du périmètre des politiques publiques dans l'agglomération qu'il faut s'attendre. Parce qu'elle est incontournable dans les prochaines années, la campagne électorale doit être un temps de lucidité et de pédagogie sur ce chemin. Au cas contraire, les révisions seront déchirantes et, comme l'allergie fiscale naissante, il n'est plus sûr que l'opinion accepte de monter encore de nouvelles marches sur l'allergie à l'illusion politique.

DB

Club presse DB 19 02 14

 

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