Questionnés sur le dossier Dieudonné, notre position est la suivante :
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Il y a actuellement une légitimité à interdire les meetings de M. Dieudonné M’bala M’bala pour risque manifeste avéré de trouble à l’ordre public.
En effet, il existe, depuis plusieurs mois déjà, une «spécificité» Dieudonné. Cette spécificité dépasse et de loin un seul débat juridique ou «culturel» français avec des implications internationales lourdes.
A ce titre, elle doit être analysée avec lucidité et avec responsabilité.
Elle trouve actuellement, et d’ailleurs très tardivement, une caisse de résonnance particulière avec les déclarations de membres du Gouvernement.
Mais sur le fond, au-delà de cette spécificité, il importe de
ré-affirmer combien les libertés de pensée et d’expression sont des libertés fondamentales.
Elles ne doivent pas être instrumentalisées à des fins politiques.
Mais bien entendu, elles ne doivent pas davantage être utilisées pour porter des atteintes graves au respect d’autrui.
Ce respect d’autrui a, progressivement en France, fait l’objet d’un arsenal juridique de qualité veillant à trouver de justes et délicats équilibres.
Ce dispositif juridique doit être protégé.
Cette protection est d’abord l’œuvre de juges et non pas de Préfets ou de Maires.
Dès que la politique entre dans cet arsenal juridique, le droit le quitte souvent.
Il appartient donc essentiellement aux juges de tirer toutes les conséquences qui peuvent être attachées à des déclarations attentatoires au respect d’autrui à destination de toutes les communautés, de toutes les religions, de toutes les personnes et a fortiori de celles qui ont déjà été terriblement exposées dans des conditions qui sont l’un des drames majeurs de l’humanité au XX ème siècle.
Ces règles doivent être mises en œuvre par les autorités compétentes sans une ingérence politique qui ouvrirait un autre débat à savoir celui des frontières au sein d’une liberté qui deviendrait préventivement gravement divisible."
DB
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